Alimentation 15 mars 2017

Une « nouvelle » abeille pour polliniser les bleuetières du Nord

La chercheuse Ève-Catherine Desjardins, de Baie-Comeau, élabore présentement une technique d’élevage pour produire d’importantes populations d’abeilles du Nord. Ce sont des insectes particulièrement utiles pour polliniser les bleuetières.

C’est dans le Grand Nord que l’on retrouve l’abeille popularisée par la chercheuse et dont le nom scientifique est Osmia tersula. Selon les données de Mme Desjardins, cet insecte serait plus efficace pour polliniser les fleurs de cultures fruitières que l’abeille domestique. « Quand elle visite une fleur, cette butineuse la pollinise parfaite

La chercheuse Ève-Catherine Desjardins. Crédit photo: Gracieuseté
La chercheuse Ève-Catherine Desjardins. Crédit photo: Gracieuseté

ment, comparativement à l’abeille domestique qui peut visiter des fleurs sans y déposer de pollen, ce qui empêche celles-ci de produire des fruits », indique l’entomologiste de formation.

Des producteurs de bleuets de la Côte-Nord expérimentent l’utilisation de cette pollinisatrice, mais le principal défi consiste à en produire un nombre assez élevé pour couvrir de grandes superficies. « On travaille là-dessus! Et il y a de l’intérêt, car cette abeille permettrait aux producteurs de bleuets d’être autonomes en ce qui concerne la pollinisation de leurs cultures. Ce serait un réel avantage économique, surtout que certains se trouvent dans des endroits éloignés où la location de ruches provenant du Sud coûte très cher », indique la chercheuse.

Une abeille sans miel

Fait intéressant, ces abeilles ne produisent pas de miel. De plus, leur cycle de vie concorde avec l’évolution végétative des bleuets, c’est-à-dire que ces pollinisatrices atteignent naturellement l’âge adulte au début de l’épanouissement des fleurs qu’elles butinent. Puis, elles pondent leurs œufs et meurent après la floraison. « C’est très simple. Le producteur prend ensuite les cocons contenant les œufs et les larves, les réfrigère et les fait éclore en quelques jours la saison suivante. Il n’y a pas de production de miel, car ces abeilles ne vivent pas en colonies et n’ont pas de reine », précise Mme Desjardins, du Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale affilié au Cégep de Baie-Comeau.