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Après un long processus, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) a finalement décrété que le transformateur Croustilles Yum Yum devrait consentir une hausse de prix globale de 0,50 $/quintal aux producteurs de pommes de terre pour la convention de 2020.
Incapables de s’entendre, les deux parties s’en sont souvent remis à la Régie pour déterminer les prix, mais c’est la première fois dans la dernière décennie que cette dernière tranche en faveur d’une augmentation aux producteurs. « On le prend, réagit Francis Desrochers, président des Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ). Dans l’ensemble, c’est une bonne décision pour la filière. » Rappelons qu’en 2014, la RMAAQ avait accordé à Yum Yum une baisse de prix de l’ordre de 9 %.
En 2016, les producteurs ont tenté de rattraper ce recul, en vain. Le transformateur a consenti de gré à gré une hausse pour les années de récolte 2018 et 2019, mais souhaitait maintenir le statu quo en 2020. Les PPTQ, de leur côté, jugeaient que l’évolution du marché nord-américain des dernières années avait entraîné un manque à gagner et que la façon de déterminer les prix était maintenant désuète. Pour rattraper le coup, ils demandaient une hausse globale de 2,02 $/quintal pour la convention de 2020.
« Je dirais que l’appréciation de la hausse de 0,50 $ est mitigée des producteurs. Certains auraient voulu plus, mais en général, c’est positif, ajoute Francis Desrochers. On n’est pas allés chercher tout ce qu’on voulait, mais on est contents que la Régie ait tenu compte d’autres facteurs que les coûts de production dans sa décision; c’est une avancée », estime-t-il.De leur côté, les membres de l’équipe de Croustilles Yum Yum ont préféré ne pas commenter la décision, puisqu’ils sont toujours « en analyse de celle-ci ». Ceux-ci ont encore l’option de transporter le dossier en cour supérieure s’ils s’opposent au jugement rendu par la RMAAQ.
Le contexte particulier de 2020 influence la décision
Dans son rapport déposé en juin, la Régie souligne que la production nord-américaine pour 2020 a été « affectée par des événements climatiques qui ont influencé à la baisse les volumes disponibles ». Cette situation, mixée à une augmentation de la consommation de croustilles observées depuis quelques années, surtout en 2020 avec le contexte de pandémie, favorise une hausse de prix « selon le jeu de l’offre et de la demande », conclut-elle. « Le prix […] négocié devrait tenir compte d’éléments factuels comme les rendements, le partage des risques, la répartition de certains coûts entre les parties comme le transport ou les semences, ou encore l’état du marché. La négociation doit également considérer des éléments intangibles comme le partage d’expertise, l’investissement dans la recherche ou encore le partenariat dans des situations difficiles », lit-on par ailleurs.
Dans sa décision, néanmoins, la RMAAQ réfute les arguments des PPTQ à l’effet qu’un rattrapage est dû pour les années 2014 à 2019 et qu’une iniquité des montants accordés par Yum Yum et Frito-Lay devrait être réglée. « La Régie est consciente que les politiques des grands distributeurs alimentaires peuvent rendre difficile pour les fournisseurs le transfert des hausses de coûts aux prix de détail. […] Cet état de fait explique pourquoi il peut être hasardeux de comparer les prix payés par différents transformateurs puisque chaque convention a ses particularités », souligne-t-elle notamment.