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Le Québec fondait de grands espoirs sur le concept des appellations pour promouvoir les produits de son terroir. Mais aujourd’hui, le faible nombre d’appellations, le peu de rayonnement qu’elles ont auprès du public et le manque de soutien de l’État déçoivent autant les agriculteurs que les experts.
Seulement quatre appellations propres au terroir québécois ont été développées et certifiées au Québec en 10 ans. De plus, le manque de promotion de la part du gouvernement rend le concept des appellations méconnu des consommateurs québécois, estime le professeur à l’Université Laval Rémy Lambert. « Une appellation, c’est un outil extraordinaire pour assurer la pérennité d’une production en région. Mais encore faut-il qu’on sache ce que c’est! Et présentement, il ne semble pas y avoir de volonté au ministère [de l’Agriculture] de promouvoir les appellations afin d’éveiller le consommateur », juge M. Lambert, spécialiste en économie agroalimentaire.
Sans réponse
Les groupes d’agriculteurs détenant une appellation dénoncent aussi la mollesse de l’État, mais pour une autre raison. « Après toutes ces années d’efforts pour l’obtenir, il n’y a pas d’avantage à avoir une appellation », conclut d’emblée Mario Duchesne, coordonnateur du projet Fromage de vache de race canadienne, une appellation reconnue depuis l’an dernier. Il explique que le programme gouvernemental qui devait leur permettre d’obtenir des subventions pour leur appellation ne fonctionne pas. « On a mis des fonds privés et les contribuables ont aussi mis de l’argent. Nous avons monté les dossiers selon les exigences des fonctionnaires, mais nous sommes toujours en attente, notamment pour le programme d’appui à la commercialisation. En étirant la sauce, le gouvernement épuise les gens. On n’est pas gros et on sent qu’on n’est pas importants. On aurait peut-être dû investir notre temps ailleurs », se désole M. Duchesne.
Les Cidriculteurs artisans du Québec pestent également contre l’inefficacité de l’appareil gouvernemental. Leur président, Michel Jodoin, a posé à de multiples reprises des questions sur l’état de leur dossier d’appellation au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), qui l’a transféré au ministère des Finances, et vice versa… « Une vraie perte de temps », a-t-il résumé à la Terre. L’homme d’affaires a d’ailleurs envoyé une lettre d’insatisfaction au MAPAQ dans laquelle il conteste le sérieux du ministère dans le dossier des appellations.
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L’Association des vignerons du Québec partage une déception similaire concernant l’évolution de son appellation Vin de glace et de sa demande d’appellation Vin du Québec. Son président, Yvan Quirion, fonde cependant de grands espoirs sur le changement de ministre à l’Agriculture. « Laurent Lessard nous a déjà conseillés pour notre projet d’appellation lorsqu’il était ministre, peut-être fera-t-il bouger les choses? » espère le vigneron.
Le gouvernement devait les protéger
L’agricultrice Lucie Cadieux n’a pas renouvelé sa certification pour l’appellation Agneau de Charlevoix. Ce geste éloquent, elle le pose par protestation. « Le gouvernement doit protéger notre appellation, mais il ne le fait pas. Nous avons signalé des cas d’usurpation. Des gens vendaient des produits nommés “agneau de Charlevoix” alors que ce n’en était pas. Notre plainte est restée lettre morte », se désole Mme Cadieux, dont la ferme est située aux Éboulements.
Le MAPAQ ne répond pas
Le professionnalisme dont fait preuve le CARTV dans l’élaboration des dossiers a été salué par plusieurs groupes de producteurs. L’organisme avoue cependant que des efforts supplémentaires auraient dû être consentis pour faire croître les appellations. « On a peut-être sous-estimé la rigueur et l’envergure d’un projet d’appellation, mais il y a vraiment eu un manque de volonté politique, un manque de financement et de ressources, notamment pour les dossiers judiciarisés, témoigne la directrice, Anne-Marie Granger Godbout. Et je dirais aussi un manque de volonté de préserver l’indépendance du CARTV vis-à-vis des pressions politiques… Cependant, je crois qu’il faut être fier du parcours effectué. »
Le CARTV est un organisme financé et dirigé par le MAPAQ. Le porte-parole du ministère, Alexandre Noël, a dit ne pas être en mesure de répondre aux critiques associées aux appellations, même après plus de 14 jours.
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