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Le programme de la FAO, lancé le 13 mai dernier, pour encourager la production d’insectes à grande échelle n’a pas fait mouche au Québec.
Si la production de masse est possible dans la Belle Province, les Québécois ne semblent pas prêts à retrouver des bibittes dans leur assiette.
« Une production à grande échelle, c’est possible ici, lance le conservateur de l’Insectarium de Montréal, Stéphane Le Tirant. Ça prend seulement des laboratoires pour élever des insectes. » Bien qu’elles ne soient pas destinées à la consommation, 75 espèces d’insectes sont élevées par l’établissement montréalais, chaque année.
Pour sa part, le professeur émérite au Département du génie des bioressources à l’Université McGill, Robert Kok, a élevé des insectes destinés à la consommation humaine dans les années 80. « On en a produit des petites quantités pour faire des saucisses, du pain et même de la sauce à spaghetti », explique-t-il en rigolant. Pour le chercheur, une grande production d’insectes est possible. Il doute cependant que les bestioles ne colonisent les épiceries québécoises prochainement. « Il y a quelques investisseurs qui s’intéressent à ce type de production, poursuit Robert Kok. Mais les investissements sont difficiles à trouver et les gouvernements ne sont pas intéressés. »
Le directeur général du Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement (GUEPE), Antoine Pin, croit que les Québécois ne sont tout simplement pas prêts à se mettre des insectes sous la dent. « C’est une question de culture, dit-il. Un insecte, ça pique. Ici, ça suscite beaucoup plus le dégoût que la curiosité. » Son organisme, le GUEPE, sensibilise les jeunes aux problématiques environnementales et fait des dégustations d’insectes dans les écoles. Antoine Pin observe une réaction positive de la part des élèves, mais pense tout de même que la culture de la bibitte doit changer avant qu’on envisage de se lancer dans la production de masse.
Le conservateur de l’Insectarium remarque, quant à lui, un essor du marché des petites bêtes ailleurs sur la planète. « Des millions de personnes mangent des insectes dans le monde, raconte-t-il. L’Occident s’ouvre tranquillement à ce type d’élevage. Une première ferme d’insectes a ouvert ses portes en France en 2011. » Selon M. Le Tirant, la production de ces petites bêtes est beaucoup plus rapide que celle n’importe quelle autre viande. Il affirme également que la teneur en protéines des insectes est plus élevée que celle du bœuf, par exemple. « Il y a 53 g de protéines dans 100 g de chenille, alors qu’on n’en retrouve que 27 g dans 100 g de bœuf. » Il ne fait aucun doute pour le conservateur que les insectes peuvent être une solution à la famine dans plusieurs pays.
Même son de cloche pour Antoine Pin, qui voit dans l’élevage de petites créatures une façon de protéger la biodiversité. « Plus de 1 900 espèces d’insectes sont consommées dans le monde, avance ce dernier. Pour les nourrir, il faudrait planter une multitude de végétaux. Ça diversifierait nos champs et ça changerait de la monoculture de maïs pour nourrir le bétail. »