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Les Producteurs laitiers du Canada (PLC) se trouvent actuellement aux prises avec 75 000 tonnes de poudre de lait écrémé (aussi appelés surplus structurels) qui grugent leurs revenus.
Ils y consacrent environ 4,50 $ par hectolitre ces temps-ci. Il n’est donc pas étonnant qu’ils veuillent relancer les pourparlers avec les transformateurs laitiers au sujet d’une stratégie de fabrication d’ingrédients laitiers au pays. Les PLC ont fait consensus à ce sujet, le 6 février dernier, à huis clos, lors de la Conférence sur la politique laitière.
« Les producteurs ont discuté des améliorations à apporter au système laitier canadien, et la stratégie visant à fabriquer des ingrédients laitiers au pays en fait partie, a déclaré à la Terre la directrice adjointe aux communications, Thérèse Beaulieu. Les producteurs ne sont toutefois pas les seuls à décider en cette matière. » De fait, les discussions à ce sujet durent depuis plusieurs années.
Une telle stratégie permettrait de diminuer les importations d’ingrédients laitiers qui contribuent à gonfler les surplus structurels actuels. L’entrée au Canada de protéines laitières sous forme de concentrés et d’isolats se trouve en hausse. Pour les isolats, les volumes ont quadruplé et leur valeur a triplé entre 2008 et 2012 pour atteindre respectivement 15 300 tonnes et 113 M$ canadiens. On estime que chaque tonne de concentrés de protéines laitières importée cause un surplus de 2,57 tonnes de poudre de lait écrémé. Et le rythme risque de s’accélérer avec l’entente signée avec l’Union européenne qui prévoit que les isolats de protéines laitières vont entrer sans droits de douane au pays, ce qui constitue déjà une réalité pour ceux provenant des États-Unis.
Réactions
Le président Serge Riendeau a indiqué la volonté d’Agropur « de collaborer avec les PLC afin d’encadrer l’importation d’ingrédients laitiers et de protéger ainsi la gestion de l’offre », en assemblée générale annuelle [AGA], le 12 février dernier. Agropur importe des ingrédients laitiers parce qu’elle doit être en mesure de concurrencer les autres transformateurs, a-t-il expliqué, précisant que les volumes introduits au pays par la coopérative sont « assez stables ».
Les autres industriels laitiers font preuve d’ouverture, mais avec des réserves. « Nous sommes disposés à travailler avec les producteurs afin d’établir une telle stratégie dans la mesure où elle va véritablement promouvoir la production et l’utilisation de ces ingrédients dans les produits laitiers au Canada », a signalé à la Terre le président de l’Association des transformateurs laitiers du Canada, Don Jarvis, le 18 février. À ses yeux, il faudra toutefois résoudre la « contradiction » qui consiste à vouloir produire des ingrédients laitiers, mais à en limiter l’usage comme c’est le cas avec les normes de composition des fromages. « Il y a un certain début de production de concentrés d’ingrédients laitiers au pays, a-t-il noté. Mais pour un véritable décollage, les transformateurs devront avoir accès à du lait à un prix qui leur permettra de fabriquer des ingrédients laitiers au même prix que s’ils les importaient », a-t-il fait valoir. Il semble donc que la classe de lait 4M, créée en ce sens par la Commission canadienne du lait (CCL), ne soit pas assez incitative aux yeux des transformateurs laitiers canadiens.