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La production acéricole qui se dirige vers un record fait ressortir des problèmes de congestion dans le système de classement du sirop d’érable. Plusieurs producteurs lèvent un drapeau jaune, dont Karine Douville, de Saint-Ubalde, dans le secteur de Portneuf. « On ne vient pas à bout d’avoir des classeurs. L’entrepôt de mon acheteur est ben plein. Je ne peux pas livrer chez lui, alors ma cabane est pleine aussi. Je n’ai jamais vu ça! » affirme-t-elle.
L’acéricultrice estime que le système de classement ne peut plus répondre aux volumes de production, qui augmentent continuellement ces dernières années. « On a travaillé sur la qualité du classement, mais pas sur la vitesse. C’est problématique », analyse Mme Douville. L’acériculteur Normand Urbain, de Lanaudière, a publié sur les médias sociaux : « Allons-nous classer passée l’Halloween? Voire même aux premières neiges de novembre? Le système de classement et de paie est dépassé… Voilà que les acheteurs, selon certains, ont des problèmes de stockage. […] Nous allons directement dans le mur », écrit-il à propos du classement.
Karine Douville aimerait un système où l’acheteur classerait lui-même le sirop et qu’en cas de désaccord avec le producteur, un organisme externe, comme ACER Division Inspection, analyserait le sirop et trancherait. Tous les barils refusés par l’acheteur seraient également classés par un organisme externe avant d’être dirigés vers l’entrepôt de la fédération, propose-t-elle.
Un rythme de classement normal
Le seul organisme qui a, pour l’instant, la mission de classer tout le sirop du Québec se nomme ACER Division Inspection. Le directeur des opérations, Serge Rodrigue, explique à La Terre qu’il n’y a pas de retard. « Pas plus que les autres années », assure-t-il, en consultant ses chiffres.
Il sait que les producteurs veulent que leur sirop soit classé rapidement pour qu’ils soient payés rapidement. Il rappelle cependant que le classement vient de débuter et que son organisation, même si elle ne manque pas d’inspecteurs, doit conjuguer avec la pénurie de main-d’œuvre, qui rend le recrutement plus difficile. Il indique que les trois langues électroniques, appelées SpectrAcer, fonctionnent à plein régime et qu’une quatrième entrera en fonction bientôt.
Les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) ajoutent pour leur part qu’environ 1,5 million de livres de sirop sont classés par jour. Le regroupement se dit conscient qu’il s’agit d’un sujet sensible pour les producteurs. « C’est aussi un dossier qui concerne toute la filière acéricole. On travaille ensemble pour trouver des solutions à court, moyen et long terme », répondent les PPAQ lorsque questionnés par
La Terre.
En Estrie, l’acériculteur Jonathan Blais se garde de lancer la pierre aux inspecteurs d’ACER Division Inspection. « Je les ai vus faire. Ils ont de la pression pour que ça roule et ils sont compétents, mais ce sont des humains », dit-il. Cependant, M. Blais affirme que les grands volumes de production d’aujourd’hui imposent des changements au classement. « C’est clair qu’il va falloir améliorer le processus ou trouver le moyen de les laisser classer le sirop 12 mois par année sans pénaliser les producteurs », suggère-t-il.
Étant administrateur pour les PPAQ, Jonathan Blais se fait appeler par des acériculteurs qui lui témoignent leur besoin d’être payés rapidement. « L’inflation nous mange debout. Certains ont besoin d’argent. Des jeunes qui viennent de se partir ont de gros paiements. Ils ne peuvent pas trop attendre avant d’être classés », fait-il remarquer.