Alimentation 27 août 2014

La micro-pousse : un marché prometteur

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Luc Tellier réussit à développer une technique de culture qui produit des pousses au goût unique.

C’est à la suggestion d’un chef cuisinier, chez qui il livrait ses légumes asiatiques et ses fines herbes, que Luc Tellier entreprend des démarches pour se lancer dans la production de micro-pousses. Une suggestion qui arrive à point nommé, le jeune producteur jugeant sa culture de légumes pas assez rentable et remplie d’embûches.

Dans un petit local chauffé que son frère met à sa disposition, il fait ses premiers tests, qu’il qualifie d’essais-erreurs et qui s’avèrent finalement un succès. Il réussit à développer une technique de culture qui produit des pousses au goût unique, pour le plus grand plaisir des magasins d’aliments naturels et des restaurateurs, ses principaux clients. Les Jardins Picoudi prennent leur envol.

Il faut donc agrandir pour répondre à la demande. À l’automne 2010, Luc Tellier construit un bâtiment de 1500 pi², ventilé et chauffé, où la production en plateaux s’effectue sur deux étages. Aujourd’hui, il produit une douzaine de variétés de micro-pousses, parmi lesquelles on trouve le brocoli, le chou rouge, la coriandre, le maïs, le pois vert, le radis Hong Vit et le radis pourpre, la roquette, le tournesol et le sarrasin. Chacune de ces micro-pousses a ses propriétés bénéfiques et un goût plus prononcé que le légume : une véritable explosion en bouche, attribuable au mode de culture et à la variété sélectionnée. « Manger cinq grammes de pousses de brocoli équivaut à manger un pied entier de brocoli, assure M. Tellier. Or, mes barquettes de pousses contiennent 75 grammes! »

Le chef Manuel Lamarre, de ConfortChef (service de chef à domicile), ne tarit pas d’éloges sur les micro-pousses des Jardins Picoudi : « Elles offrent fraîcheur, goût, qualité et diversité, précise-t-il, et nous permettent de varier à l’infini la décoration dans l’assiette. »

C’est dans la maison ancestrale de ses grands-parents, des producteurs laitiers établis sur le rang Picoudi, à Saint-Robert, en Montérégie, que Luc Tellier a élu domicile. En contact avec l’agriculture depuis son plus jeune âge, il s’est tout naturellement dirigé à l’ITA de Saint-Hyacinthe en production porcine. Il a travaillé dans ce domaine jusqu’au démarrage de son entreprise de légumes et fines herbes en 2007, avec un peu d’économies en poche, le soutien financier de divers programmes gouvernementaux et autres, et l’aide précieuse de son père. Afin de maintenir une certaine stabilité, il se lance également en grandes cultures, soit le blé, le maïs et le soya, sur 215 arpents, en semis direct.
Luc Tellier a abandonné la production de légumes asiatiques et de fines herbes pour se consacrer uniquement à ses micro-pousses. Il a aussi érigé une serre de 1000 pi² où il cultive la salade mesclun, verte et rouge, pour le marché de la restauration. « J’ai fait le bon choix de production, conclut-il. La micro-pousse est un produit santé, très tendance. Si j’avais continué dans les légumes et les fines herbes, je ne serais plus là aujourd’hui. »

Un bâtiment loué sur une terre avoisinante permettra de quintupler la production de micro-pousses dès cet automne, car Luc Tellier vient d’obtenir la certification biologique et songe à desservir aussi les fruiteries. Une autre étape cruciale dans le plan d’affaires de cet entrepreneur d’à peine 29 ans qui a si bien su, au moment opportun, réorienter sa production maraîchère.