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Le « rabais temporaire » de 40 $ par 100 kg du cochon concédé par les Éleveurs de porcs du Québec à leur principal acheteur Olymel pour éviter d’autres baisses d’achats de ce dernier et l’aider à traverser une période d’instabilité économique a été prolongé de « quelques semaines ». Les Éleveurs ne précisent pas la durée exacte de cette prolongation. La situation inquiète plusieurs producteurs.
« Actuellement, les prix sur le marché sont excellents. Si on ne nous enlevait pas ce 40 $ par 100 kg, en plus de tous les autres frais, dont celui pour le remboursement de la grève des employés d’Olymel, on ferait des profits! On pourrait mettre de l’argent de côté ou investir dans notre entreprise, plutôt que d’avoir des pertes et de devoir recourir à l’ASRA [assurance stabilisation des revenus agricoles] », déplore Cécilien Berthiaume, producteur porcin à Saint-Élzéar, dans Chaudière-Appalaches.
Sa fille Lori-Anne Berthiaume, qui assume la relève de l’entreprise familiale, croit de son côté que les versements de l’ASRA ne permettront pas de couvrir toutes les pertes de cette situation à laquelle sont confrontés les éleveurs bien malgré eux. « Le versement est calculé en fonction de nos pertes, mais ne prend pas en considération les profits qu’on aurait pu faire. Toute cette partie est donc perdue », mentionne la productrice, qui détient une maîtrise en administration des affaires.
Son père lui fait malgré tout confiance pour arriver à maintenir l’entreprise familiale à flot pendant cette période difficile. Il craint toutefois que tous n’aient pas autant de clairvoyance par rapport à ce qui les attend. « Là, les producteurs viennent de recevoir un premier paiement de l’ASRA et ils se sont calmés, mais quand ils devront commencer à payer leur part de la facture, ils risquent de trouver ça moins drôle », prévient-il.
Une situation qu’appréhende également Martin Boutin, propriétaire d’un engraissement porcin à Saint-Charles-de-Bellechasse, dans Chaudière-Appalaches. Il précise que cette part des pertes assumée par les éleveurs se fera par l’entremise des cotisations au programme de l’ASRA, qui augmenteront considérablement. « On paie actuellement autour de 3 $ par cochon, mais ce prix pourrait augmenter à 8 ou 10 $ par tête, puisque l’aide versée en 2022 est plus grande. Donc pour une production de 20 000 porcs, à 10 $ par tête, ça nous coûtera 200 000 $ par année au lieu de 60 000 $ », calcule-t-il.
Il s’agit d’une différence que les producteurs devront assumer de leur poche, car leurs cotisations à l’ASRA ne peuvent pas être incluses dans leurs coûts de production et ne sont donc pas calculées dans leurs pertes. « On va devoir compenser en coupant à droite et à gauche, dans la main-d’œuvre ou dans notre salaire », déplore M. Boutin. La Financière agricole du Québec confirme, dans un échange de courriels avec La Terre, que « lorsque les compensations versées sont supérieures à la prime d’assurance, comme c’est le cas en 2022, le déficit annuel est amorti sur les cinq années suivantes. » Rappelons toutefois que la contribution du producteur correspond au tiers de la prime, les deux autres étant assumées par La Financière.
Paiement devancé d’un mois
Par ailleurs, avec la hausse du prix des grains et la réduction du prix des porcs de 40 $ par 100 kg depuis le 4 avril, La Financière a décidé de devancer d’un mois les avances de compensations aux producteurs porcins pour l’année 2022 afin de les aider à avoir plus de liquidités. L’aide accordée, une fois la cotisation annuelle payée par les producteurs à même leur versement de juin, totalise 34 M$, soit l’équivalent de 53,56 $ par truie, et 4,39 $ par 100 kg de porc. Les autres versements couvrant l’année 2022 sont prévus en janvier et en avril.