Alimentation 10 octobre 2018

Une journée pour « mousser » la pomme

Une quinzaine d’acteurs du milieu horticole, culinaire et de la transformation ont profité de la saison des pommes pour prendre part à une journée thématique, le 25 septembre dernier, en Montérégie-Ouest. L’événement organisé par les Producteurs de pommes du Québec (PPQ) a permis aux visiteurs de découvrir un verger à haute densité, de déguster de nouvelles variétés de pommes et de se familiariser avec l’industrie de la transformation. Voici un tour d’horizon de cette journée baptisée Mousse la pomme du Québec.

Pommes à cidre

pommes4Alan Demoy, de la Cidrerie du Minot à Hemmingford, a autorisé les visiteurs à goûter au jus de la pomme 0654 avant qu’il devienne le cidre Mystique, vendu en épicerie. « Pour le marché des produits frais, cette pomme n’a aucun potentiel. Elle ne se conserve pas et n’est pas très croquante », a-t-il précisé. Toutefois, elle est parfaite pour le cidre puisqu’elle est très aromatique et riche en antioxydants. « Elle donne un jus naturellement clair », a poursuivi le cidriculteur.

C’est d’ailleurs une variété qu’il cultive de plus en plus parmi les 14 000 pommiers de son verger. Chaque année, l’exploitation produit environ 450 000 litres de cidre. M. Demoy mentionne que tous les produits effervescents de la Cidrerie sont naturels grâce à la méthode charmat. « Plus la fermentation [en cuve close] est longue [et à basse température], plus la mousse sera bien incorporée dans les cidres », a-t-il expliqué. 

L’entreprise produit 2 100 bouteilles à l’heure lors de la journée d’embouteillage hebdomadaire. Par ailleurs, deux produits, le Mystique et la Bolée Pétillante, sont offerts en canettes. « C’est un marché en pleine expansion, a affirmé M. Demoy. On peut utiliser les canettes n’importe où, alors ça donne une certaine liberté [au consommateur]. »  


Variétés à l’essai

L’équipe du Réseau d’essais de cultivars et porte-greffes de pommiers (RECUPOM) a profité de l’occasion pour parler des activités au verger de la Ferme expérimentale de Frelighsburg d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC). On y évalue les paramètres agronomiques (rendement, goût, visuel, etc.) de plusieurs variétés de pommes. Dans les parcelles, la McIntosh agit comme variété témoin. On y retrouve la Honeycrisp qui gagne en popularité avec son côté très juteux. La Ginger Gold, quant à elle, se démarque par sa grosseur et son petit goût épicé. La Prime Gold est très ferme et croquante. On y cultive aussi des variétés d’origine canadienne, telles que la Passionata et l’Évangéline et même des pommes destinées à la production de cidre. 

Le Réseau teste également de nouveaux porte-greffes de la série Geneva pour contrer les épidémies de brûlure bactérienne. Lors de la présentation, les participants ont pu goûter aux huit variétés de pommes suivantes et les évaluer : Paulared, Ginger Gold, Gala, Spartan, Silken, Rosinette, Prime Gold et Honeycrisp.


Un million de compotes

La journée s’est clôturée par la visite de l’usine des Vergers Leahy, à Franklin. Le vice-président des opérations et de la production, Mitchell Leahy, affirme produire pas moins d’un million de petits pots de compote de pommes par jour! L’entreprise se positionne parmi les plus gros transformateurs de pommes au Canada. C’est dans les années 1990 que les Leahy ont lancé leur propre marque de compote de pommes Applesnax. À Franklin, la famille cultive ses propres pommes qui se retrouvent dans les 130 millions de livres de fruits et légumes qu’elle transforme chaque année.  


Pommiers en biaxe

Mario Bourdeau a accueilli les participants dans son verger de 7,5 hectares, à Havelock. Celui qui est aussi vice-président des PPQ a consacré une petite partie de sa production à la conduite de pommiers en biaxe. Il a décidé de se lancer dans ce projet après avoir assisté à une présentation horticole sur le sujet. 

Les arbres possèdent deux charpentes sur le même plant et forment une haie étroite, ce qui favorise le rendement, le temps de mise à fruit et la cueillette. « C’est une première expérience, a souligné le producteur. On va voir ce qu’on décide de faire après. » « Au prix que ça coûte, on ne peut pas faire ça dans tous les vergers », a affirmé sur un ton léger Stéphanie Levasseur, présidente des PPQ.  


MMTrudeau_4083Lutte contre le carpocapse

Toujours au verger de M. Bourdeau, l’agronome Vicky Filion a livré un bilan de la lutte contre le carpocapse par la confusion sexuelle, une méthode qui consiste à utiliser des diffuseurs à phéromones. « Ça demande un gros investissement, mais c’est une technique qui a fait ses preuves »,
a-t-elle souligné. Il en coûte environ 400 $ l’hectare par année pour déployer cette méthode. 

L’agronome rapporte que des vergers sur son territoire en Montérégie-Ouest pouvaient habituellement réaliser jusqu’à sept traitements d’insecticides par année afin de combattre cette larve qui se développe à l’intérieur des fruits. Grâce à cette technique, certains ont réussi à se limiter à seulement un ou deux traitements.

Les populations tendent toutefois à se déplacer ou à augmenter par endroits, comme en témoigne M. Bourdeau, qui songe à se tourner vers ce traitement phytosanitaire dès la prochaine saison. Il faut s’assurer que la stratégie de traitement est au point, insiste Mme Filion. « L’idée, c’est d’inonder le verger au complet avec les diffuseurs », a-t-elle expliqué.

Aussi, pour ce qui est du carpocapse, il faut cibler les œufs et les larves durant les traitements insecticides plutôt que les adultes dans le cas d’autres ravageurs. « On a maintenant des modèles qui nous prédisent à quelle date il faut traiter les œufs qui viennent d’être pondus sur les fruits », a souligné Mme Filion.