Alimentation 14 décembre 2017

Une institution du Marché Jean-Talon à vendre

Après 50 ans au Marché Jean-Talon, Alain Darsigny accroche une pancarte « À vendre » sur ses quatre kiosques.

L’agriculteur et détaillant prend sa retraite après 50 années de vente de fruits et légumes. « À 65 ans, je suis à l’âge de me retirer », dit M. Darsigny.

Pour l’acheteur, la vente de fruits et légumes pourra se faire été comme hiver dans les quatre emplacements.

Mais on doit obligatoirement avoir en sa possession une carte de producteur pour faire l’acquisition des kiosques. « J’élimine plusieurs acheteurs potentiels, parce qu’il faut absolument qu’ils soient en agriculture », indique M. Darsigny.

Trois ou quatre agriculteurs se sont manifestés depuis qu’il a mis l’annonce sur Kijiji, mais rien n’est encore décidé. Il attendra le bon, quitte à faire une saison de plus. « C’est ma retraite, le marché », affirme le sexagénaire.

Cher

« Les acheteurs s’étonnent, mais le Marché Jean-Talon, ce n’est pas donné », affirme le vendeur.

Pour les quatre emplacements, M. Darsigny débourse 3 100 $ par mois, été comme hiver. Il doit aussi verser annuellement 4 000 $ pour la location de deux camions réfrigérés, 1 500 $ pour les vidanges et 2 000 $ en taxes professionnelles.

Est-ce possible de bien en vivre? « On se débrouille », répond le producteur.

Le fort achalandage de la fin de semaine permet de générer de 50 à 55 % du chiffre d’affaires de la semaine, mais pour vivre confortablement, M. Darsigny s’est spécialisé dans la livraison aux restaurateurs. Il parvient à se payer un salaire de base en approvisionnant une dizaine de restaurants de la métropole.

Pour convaincre les acheteurs potentiels, il explique que les consommateurs effectuent de plus en plus un retour aux marchés. « Depuis l’année dernière, on voit une progression; les chiffres augmentent et j’estime qu’on est sur le bon chemin », soutient Alain Darsigny.

Un remboursement, svp!

Des clients « spéciaux », M. Darsigny en a vu à ses kiosques durant toute sa vie. Une année, l’un d’eux a acheté 20 livres de pommes de terre. « Le client est revenu la semaine d’après, le plus sérieusement du monde et m’a dit : “Monsieur, je peux vous parler?” Je lui ai alors répondu que oui, mais je voyais son sac de patates vide. “J’aimerais me faire rembourser, parce que là, j’ai deux livres et demie de pelures de patates”. » Le producteur lui a gentiment expliqué qu’une pomme de terre était toujours vendue avec la pelure, au même titre que les bananes, sinon la conservation serait plus difficile. Bien sûr, il ne l’a pas remboursé!