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Après avoir pu observer les ravages de la grippe aviaire dans les élevages de volailles d’ici et d’ailleurs dans le monde, le Dr Jean-Pierre Vaillancourt, vétérinaire et professeur à l’Université de Montréal, recommande un important changement d’approche au Québec pour éviter le pire cet automne et l’an prochain.
« Vous êtes peut-être dans l’élevage depuis 40 ans, mais là, les choses ont changé. Ce qu’on observe en Europe, aux États-Unis, au Canada et partout, c’est du jamais vu », a-t-il lancé dans le cadre d’une conférence en ligne organisée par l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière, le 14 septembre. La circulation simultanée de plusieurs souches en Europe et la fulgurante progression des foyers de contagion dans plus de 60 pays du monde depuis les dernières années sont parmi les quelques exemples utilisés par le Dr Vaillancourt pour illustrer le caractère préoccupant de la situation.
Celle-ci serait attribuable aux changements climatiques, alors que des groupes d’oiseaux normalement séparés se seraient rencontrés dans le nord, favorisant « une recombinaison et un réassortiment » du virus, dont la capacité de mutation est très rapide, et dont les signes cliniques dans les élevages sont en conséquence plus difficiles à identifier, puisqu’ils varient d’une souche à l’autre. « Sans vouloir être alarmiste, on a une pandémie et on voit des choses qu’on n’a jamais vues avant. Il va falloir changer de paradigme pour être prêts à mieux y faire face, surtout que la sous-branche du virus qui circule a un haut potentiel zoonotique, c’est-à-dire qu’elle pourrait éventuellement muter et se transmettre aux humains », a-t-il prévenu.
Les observations faites en Europe et aux États-Unis ont permis de dégager trois principaux facteurs de risque de propagation de la maladie : le transport, la densité d’élevages et la présence de milieux humides, lesquels attirent les canards et les oies sauvages. « Aux États-Unis, on a observé une explosion des foyers de contamination partout, sauf dans deux États, le Tennessee et l’Arkansas, qui se distinguent des autres par une faible présence de canards parce qu’ils comptent peu de zones humides », a souligné le Dr Vaillancourt.
Communication efficace
Outre les mesures de biosécurité à la ferme que les éleveurs doivent continuer d’appliquer avec rigueur, la meilleure arme pour faire face à cette pandémie, selon le vétérinaire, est la mise sur pied d’un réseau de communication efficace pour relayer rapidement l’information en cas d’éclosion. Il estime d’ailleurs que le réseau utilisé par l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles explique pourquoi la province s’en est peut-être mieux tirée que d’autres, comme l’Ontario ou l’Alberta, depuis le printemps.
Des aspects restent toutefois à parfaire pour améliorer la communication, selon lui, notamment par rapport à certaines limites de diffusion d’informations pouvant porter atteinte à la vie privée. Pour améliorer cet aspect, des participants à la conférence ont donné l’exemple de la filière porcine qui a remédié à cette limite en faisant signer un formulaire de consentement aux éleveurs afin que les informations sur leur ferme puissent rapidement être communiquées aux partenaires et acteurs de la filière lorsqu’un site est déclaré positif au syndrome reproducteur et respiratoire porcin.