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« La géothermie, ç’a été un fiasco total », lance d’emblée Nicolas Zyromski.
Le producteur en serre de Rivière-Rouge en a long à dire lorsqu’on lui demande de dresser un bilan des 10 dernières années. Il trouve que le système de chauffage est inefficace et que l’entretien est coûteux. Et il n’est pas le seul à parvenir à ce triste constat.
Cette solution de remplacement énergétique semblait pourtant être une belle avenue en 2007. « L’huile de chauffage coûtait très cher, ce qui générait un problème de rentabilité », affirme M. Zyromski.
Utilisée en mode biénergie, la géothermie promettait aux serristes de substantielles économies. On laissait miroiter aux producteurs une réduction des coûts de l’ordre de 60 % et un rendement de 4 kW de chauffage produit pour 1 kW d’électricité consommée. On leur assurait que c’était le système de chauffage et de climatisation dont les frais d’exploitation étaient les plus faibles et les plus stables dans le temps. Un document du Bureau de l’efficacité et de l’innovation énergétiques sur la géothermie dans le milieu agricole stipule même que la durée de vie des équipements, soit 50 ans pour le circuit souterrain et 20 ans pour la thermopompe, fait en sorte que l’on dispose « d’une longue période pour rentabiliser l’investissement initial ».
La triste réalité
« Moi, je suis un peu moins vert aujourd’hui que je l’étais », indique Daniel Lemieux. Des fuites dans les tuyaux du circuit enfouis l’ont dissuadé de continuer à chauffer ses serres à la géothermie. Résigné, le producteur de fleurs de Saint-Rémi a recommencé à s’approvisionner en mazout.
Même les serristes qui ne considèrent pas la géothermie comme un échec n’ont pas été épargnés. Frédéric Jobin Lawler, de L’Abri végétal à Compton, estime qu’avec son système, ses dépenses actuelles en chauffage sont équivalentes à celles d’il y a 10 ans, quand seul le mazout était d’usage dans ses serres. « On n’a pas fait d’économies sur les coûts, mais on a réduit les gaz à effets de serre, explique le producteur de légumes biologiques. Et c’est ça l’important. »
Il convient par contre que le rendement initialement annoncé, de 4 pour 1, n’est pas celui obtenu dans ses serres. « Les calculs qu’on a faits avec l’Université Laval donnent un rendement aux alentours de 2,4. Il faut donc doubler le temps de retour sur l’investissement parce que c’est moins efficace. Pendant cette période, il y a de l’entretien supplémentaire à effectuer étant donné qu’il y a des unités qui brisent. Finalement, on se retrouve avec un ratio de 1,6 ou 1,7. »
La durabilité réelle des équipements n’est pas non plus celle anticipée, puisque dans une serre, le système est en fonction en permanence. « Le compresseur de ce genre de système est le même que celui d’une voiture; quand il a fonctionné pendant 10 000 heures, il a fait son temps », explique Jean-Marc Boudreau, un ingénieur spécialisé dans les serres. Nicolas Zyromski a préféré changer de mode de chauffage plutôt que de racheter une thermopompe deux ans seulement après l’installation de son système géothermique, qui a multiplié les ratés ces 10 dernières années.
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