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Une machine inventée par un apiculteur québécois qui permet de réduire de 95 % le temps de fabrication du miel crémeux et de le décliner en différentes saveurs aromatisées est en voie de conquérir le marché mondial.
Créé à Saint-Stanislas-de-Kostka, dans les années 1970, par Paul-André Laberge, alors propriétaire de la Miellerie Saint-Stanislas, en Montérégie, le prototype a été retravaillé et amélioré au fil du temps afin de pouvoir être commercialisé à grande échelle. L’apiculteur Joël Laberge, qui a repris l’entreprise fondée par son père, a depuis obtenu la certification UL (Underwriters Laboratories), pour l’Amérique du Nord, et CE (conformité européenne), pour le marché européen. La technologie a été lancée officiellement en 2019 lors de l’Apimondia, un congrès organisé par la Fédération internationale des associations d’apiculteurs, qui s’est tenu à Montréal.
Malgré un ralentissement relié aux aléas de la pandémie de COVID-19, la compagnie CreamPAL, créée pour commercialiser cette machine, vend aujourd’hui en moyenne cinq à six machines par mois dans divers pays du monde. Une production que M. Laberge s’attend à voir progresser encore dans les prochaines années. « Car dès qu’un client nous achète le produit, ça fait un effet boule de neige : tous ses concurrents veulent aussi l’avoir, et on est encore les seuls à en fabriquer », assure l’apiculteur. Il donne en exemple une vente qui a été faite il y a un an au Texas et qui leur a permis, dans les mois suivants, de conclure six autres ventes dans le même État.
Une affaire de quelques minutes
L’innovation de cet équipement, qui fonctionne par pression, donc sans altérer les propriétés nutritionnelles du miel, est qu’il permet de faire passer le temps de fabrication du miel crémeux de trois semaines à quelques minutes, et ce, tout en donnant au produit une texture plus soyeuse que le miel crémeux traditionnel. De plus, pendant le processus de fabrication, des ingrédients comme des fruits frais ou du sirop d’érable peuvent facilement être ajoutés pour créer des tartinades de miel aromatisées.
Au Québec, ce type de produits est déjà connu et ancré dans les habitudes de consommation, souligne M. Laberge. « On a commencé à en produire en 1970 et plusieurs producteurs nous ont imités, en reproduisant notre modèle de fabrication de manière artisanale. Mais ailleurs dans le monde, c’est un marché encore vierge », précise celui qui compte bien en profiter au maximum au cours des cinq prochaines années. Car bien que sa technologie soit brevetée, il considère que ce n’est qu’une question de temps avant que des compétiteurs internationaux ne l’imitent à leur tour. « On a déjà vendu une machine en Chine, alors on s’attend à ce que là-bas, ils la reproduisent très vite. À long terme, notre objectif est de miser sur la qualité de notre machine, fabriquée entièrement au Québec, pour fidéliser nos clients. »
« Quand ça n’existe pas, on l’invente » Dans la famille Laberge, propriétaire de la Miellerie Saint-Stanislas, inventer de nouveaux équipements pour mieux répondre aux besoins de l’apiculture est une occupation qui prend autant de place que la production de miel elle-même. Suivant les traces de son père Paul-André, qui a créé la machine CreamPAL (voir autre texte), Joël Laberge a travaillé, dans les années 1980, avec un ingénieur du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec pour développer un caveau d’hivernage pour les abeilles, lequel est aujourd’hui utilisé « par presque tous les apiculteurs de la province », signale-t-il. « On a toujours été inventeurs de père en fils. Si ça n’existe pas, il faut le créer ! » lance M. Laberge, qui dit également avoir développé plusieurs autres produits, dont un modèle de pompe pour le miel très épais et un système de transport réfrigéré pour les abeilles, afin de faciliter le transport des ruches pour la pollinisation. L’apiculteur et inventeur se prépare également à lancer, au prochain congrès Apimondia qui se tiendra au Chili en 2023, un nouveau produit qu’il garde dans le plus grand des secrets. « Je sais que ça va très bien fonctionner parce que ça n’existe pas encore », révèle-t-il. |