Alimentation 18 septembre 2014

Crise alimentaire : peu de répercussions au Québec

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À la veille du dévoilement de l’indice de la FAO, le MAPAQ revient sur la précédente crise alimentaire.

Depuis la fin de 2010, les produits agricoles de base (céréales, huiles, sucre et produits laitiers) connaissent des augmentations musclées. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « les pressions à la hausse sur les prix mondiaux des produits alimentaires ne faiblissent pas et ces prix élevés sont susceptibles de persister dans les mois à venir ».

En fait, l’indice de la FAO pour les produits alimentaires s’est situé à 236 points en février 2011, ce qui constitue sa valeur la plus élevée (en termes réels et nominaux) depuis sa création, il y a un peu plus de trente ans. L’organisme doit dévoiler demain son indice pour le mois de mai.

Dans un « regard » qu’elle porte sur l’industrie agroalimentaire, la Direction des études et des perspectives économiques du MAPAQ fait un retour dans le temps pour tenter de mieux comprendre les causes de la terrible crise mondiale de 2007 et 2008 qui avait frappé 100 millions de personnes dans une trentaine de pays.

Le prix des aliments avait alors grimpé de 83 % dans les pays les plus pauvres. La nourriture de base était devenue un produit de luxe. Entre janvier 2007 et mai 2008, les prix du riz, du soya, du blé et du maïs-grain avaient fait un bond spectaculaire de 222 %, 91 %, 68 % et 47 % respectivement.

Au Québec, cette crise « s’est répercutée faiblement sur le coût total des aliments consommés à domicile, même pendant la période la plus critique », constate après coup l’économiste Félicien Hitayezu, dans son analyse de la situation. Il conclut même que « la hausse des prix des denrées agricoles n’a eu que des incidences passagères sur les prix des aliments » vendus en épicerie.

Trois raisons expliquent, selon lui, pourquoi la flambée des prix mondiaux des denrées avait alors eu « peu d’effets » sur l’indice du prix des aliments (IPA). D’abord : la faible part (14 %) des produits à base de céréales et d’oléagineux dans nos dépenses alimentaires. Ensuite : nos habitudes de consommation. Comme nous consommons un grand nombre de produits transformés, le coût des céréales et des oléagineux dans le prix que nous payons pèse très peu dans la balance. La dernière, et non la moindre : les consommateurs ont tiré avantage de la force du dollar canadien, qui a contribué à diminuer le coût d’achat des produits importés.

Mais la crise n’a pas touché les Québécois de la même manière. Au Québec, les consommateurs consacrent en moyenne 13,7 % de leurs dépenses totales pour se nourrir, un chiffre qui varie selon le revenu. Il faut rappeler que la flambée des prix avait poussé vers le haut le prix des pâtes alimentaires sèches. La hausse avait été de sept à huit fois plus forte, selon le portrait brossé par l’économiste Félicien Hitayezu, que celle de l’indice des prix à la consommation (IPC). Le prix des macaronis avait explosé de 40 % et celui des spaghettis, de 36 %.

Et à ceux qui prétendent que la hausse des denrées agricoles profite aux cultivateurs et aux fermiers, il faut rappeler qu’une récente intervention d’une organisation de fermiers américains, Union Farmers. Cette dernière soutenait en août 2009 que les cultivateurs ne touchent que 20 cents pour chaque dollar dépensé par les consommateurs pour leurs besoins alimentaires. Pour les céréales, c’est encore pire : une boîte de céréales vendue 3,99 $ en épicerie ne rapportait que 8 cents.