Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Introduite au Canada au milieu du 20e siècle, la berce était cultivée au jardin pour son allure impressionnante et ses grandes ombelles blanches. Elle a eu tôt fait de nuire à la biodiversité des plantes indigènes en raison de sa compétitivité. Et c’est sans compter sa sève toxique qui peut causer de graves lésions cutanées.
EASTMAN — « Au moins, elle n’a pas un très bon taux de bouturage. C’est peut-être sa seule qualité », lance à la blague Geneviève Pomerleau, biologiste au Conseil régional de l’environnement de l’Estrie. Impliquée dans la lutte à la berce du Caucase, Mme Pomerleau donne des séances d’information dans la région aux citoyens aux prises avec l’envahisseuse. C’est qu’avec une plante aussi récalcitrante, on ne rigole pas.
La berce du Caucase, originaire d’Eurasie, était autrefois utilisée en Amérique du Nord en horticulture, prisée pour son apparence exotique et ses grandes ombelles fleuries. Ce n’est que depuis quelques années que l’alerte a été lancée par les écologistes, après que l’on eût remarqué une croissance faramineuse des plants naturalisés. Ceux-ci ont d’abord été signalés dans le Centre-du-Québec à la suite de cas de brûlures cutanées. Maintenant, la berce du Caucase est partout, de Gatineau à Rimouski, en passant par le Saguenay, et rien ne semble pouvoir ralentir sa progression.
« J’ai descendu le ruisseau Brandy en canot, l’autre jour, et j’ai constaté que les berges étaient complètement envahies, s’exclame Michel Brien, maire par intérim de la municipalité de Racine, en Estrie. Je pense aux jeunes qui vont pêcher et je m’inquiète pour leur sécurité. »
Également agriculteur, M. Brien en a retrouvé dans sa ferme de Valcourt, ce qui lui cause des soucis pour la sécurité de ses employés. Les nombreux plants pourraient déverser leurs graines dans le ruisseau, qui les transporterait sur des kilomètres en raison de leur grande flottabilité. Comme Racine et Valcourt sont en amont du bassin versant, le maire craint qu’il y ait un risque accru de contaminer les terres qui longent le ruisseau Brandy, et ce, jusqu’à Saint-Hyacinthe.
Bien que la berce du Caucase soit une plante à déclaration obligatoire dans ce coin de l’Estrie, peu de gens respectent le règlement, par négligence ou simplement
parce qu’ils ignorent comment reconnaître la plante. De plus, en dehors des interventions le long de la piste cyclable de Racine, où l’on retrouve des centaines de plants, peu de travaux sont présentement amorcés. Selon le maire par intérim, cela pourrait même mener à une dévaluation des propriétés. « La difficulté, c’est qu’il s’agit impérativement d’un travail d’équipe, déclare Michel Brien. Si quelqu’un décide de ne pas participer à l’éradication, c’est tout le bassin versant qui va en pâtir.
Une plante qui passe inaperçue
Facilement confondue avec d’autres plantes comme la carotte sauvage, la berce du Caucase passe d’autant plus inaperçue, surtout au sein des bandes riveraines. C’est une espèce envahissante d’origine eurasienne qui préfère les zones humides et les sols riches, comme les berges de rivières et les fossés de drainage. Tout comme les autres espèces de sa famille, les ombellifères, la berce du Caucase produit une longue racine semblable à une carotte. La plante peut atteindre jusqu’à 5 m (16 pi) de hauteur et produit des feuilles particulièrement larges qui privent les autres végétaux de lumière.
La situation se complique lorsque la sève entre en contact avec la peau : ce liquide contient des furanocoumarines, un moyen de défense contre les herbivores que possède plusieurs espèces d’ombellifères et qui, au contact du soleil, provoque des brûlures sérieuses. Il est recommandé de porter une combinaison de protection lors de l’éradication de la plante.
Comment la reconnaître
- Tige robuste avec mouchetures rouge vin et poils blancs rudes
- Grandes feuilles dentées et découpées
- Ombelles de fleurs blanches à partir de juillet
Que faire en cas de contact avec la peau?
Dès le contact, il est recommandé d’essuyer la sève avec un papier absorbant, puis de nettoyer la peau avec de l’eau et du savon. Si les vêtements ont également pu être touchés par la plante, ils doivent aussi être lavés. La sève de la berce du Caucase peut demeurer sur la peau pendant 48 heures; il est donc préférable de couvrir la partie atteinte pendant cette période. Si des cloques ou des traces de brûlures apparaissent, l’application de crème avec un facteur de protection solaire minimal de 30 sera nécessaire pour six mois.
Pour en savoir plus : QuéBERCE au www.queberce.crad.ulaval.ca.
Pour signaler sa présence : Sentinelle au www.pub.mddefp.gouv.qc.ca/scc, puis choisir le bouton Observations.