Agrotourisme 5 juillet 2024

Cheffe maraîchère pour un grand hôtel

Exploiter une petite ferme destinée à nourrir et à divertir les clients d’un hôtel de 145 chambres dans la région de Charlevoix, voilà un poste que Virginie Lagrandeur n’aurait jamais imaginé occuper lorsqu’elle s’est orientée dans des études en administration et en développement durable.

« Je travaillais déjà dans l’entreprise, puis un jour, j’ai vu qu’un poste se libérait dans les jardins, alors j’ai postulé. J’ai tellement aimé ça que je suis retournée aux études en production maraîchère biologique à Victoriaville pour me former. Aujourd’hui, j’occupe le poste de cheffe maraîchère et horticultrice et mes connaissances en administration me sont très utiles, car il y a beaucoup de travail de planification à faire », raconte la jeune femme originaire de l’Estrie, qui a découvert Charlevoix en suivant son copain.

Pendant que quelques clients relaxent sur le balcon de leurs chambres en regardant paître les bœufs Highland, d’autres tendent de l’herbe aux alpagas en espérant pouvoir toucher leur toison frisée. Sortant du spa en peignoirs, deux villégiateurs admirent les poules et les moutons en passant. Nul doute, nous sommes à la ferme!

L’Hôtel & Spa Le Germain Charlevoix, situé en plein cœur de Baie-Saint-Paul, s’appelait d’ailleurs l’hôtel La Ferme quand il a été construit en 2012 sur les ruines de l’ancienne ferme Filbaie. Longtemps considéré comme le plus gros bâtiment agricole en bois du Canada, la ferme Filbaie, autrefois exploitée comme ferme laitière, a été incendiée par accident un soir de Saint-Jean, en 2007. Mais ce sont d’abord les sœurs Petites Franciscaines de Marie qui avaient donné sa vocation agricole au site, en 1891.

La ferme est située juste sous les fenêtres des chambres de L’Hôtel & Spa Le Germain Charlevoix,
à Baie-Saint-Paul.

Avec une acre de terre en culture et toute la diversité d’animaux et de végétaux qu’on a, c’est comparable à d’autres petites fermes maraîchères. On doit faire un peu la même planification qu’un producteur qui ferait des paniers de légumes hebdomadaires. Ça prend de la variété

Virginie Lagrandeur

Durant l’hiver, elle raconte discuter avec le chef du restaurant de l’hôtel, Les Labours, pour voir ce qu’il veut mettre au menu la ­saison suivante. « Je lui demande quelles variétés de légumes il souhaite, quelles ­couleurs, quelles grosseurs, quelles quantités, et puis on planifie le jardin. »

Plus de 40 variétés de légumes sont cultivés sur le site, certains cueillis au stade de mini-légume, comme les mini-poireaux et les mini-fenouils. Un grand jardin d’herbes aromatiques, et un autre consacré aux fleurs comestibles et destinées aux bouquets, ­complètent les espaces cultivés, dont la cheffe maraîchère s’occupe en compagnie de deux autres employés.

La viande d’une vingtaine de bœufs Highland, d’autant d’agneaux et de quelques canards et lapins sera servie au restaurant, tandis que les poules et les alpagas sont là uniquement pour amuser les visiteurs. L’équipe de maintenance de l’hôtel s’occupe d’eux quand les maraîchères ne sont pas sur le site.

« Les gens s’arrêtent, nous demandent quels outils on utilise, quelle est cette variété de plante. C’est rare aujourd’hui qu’on a la chance de s’inviter chez un agriculteur, pour voir comment on cultive. Le volet éducationnel est bien important pour nous », dit Virginie Lagrandeur.