Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Dans son essai Sortir du rang, publié aux Éditions du remue-ménage, la sociologue Julie Francoeur propose un regard franc et lucide sur la place des femmes en agriculture. Son verdict : malgré les avancées réalisées au fil des ans, les femmes demeurent une minorité dans le monde agricole, où les voix audibles sont majoritairement masculines et où le travail féminin continue d’avoir un statut inférieur.
Pour Julie Francoeur, les femmes ont fait un pas important en 1986, quand elles ont obtenu la prime à l’établissement. Les hommes voyaient alors un incitatif à vendre des parts à leur épouse, ce qui a permis aux femmes de devenir partenaires, et même, pour certaines, à parts égales avec leur conjoint. Mais depuis, les choses ont peu évolué, dit-elle.
La plupart des agricultrices qui s’investissent dans une ferme familiale tirent une grande fierté de leur travail, ce qui n’empêche pas que les inégalités soient toujours présentes et que les femmes fassent les frais d’une division du travail basée sur le sexe. « Les tâches associées aux hommes sont considérées comme du vrai travail agricole alors que celles attribuées aux femmes sont souvent dévaluées », souligne l’autrice.
De plus, au sein de la ferme familiale, le transfert se fait encore bien souvent de père en fils. Les femmes sont peu nombreuses à être propriétaires uniques, mais quand elles le sont, elles ont tendance à être plus sensibles aux individus et à l’environnement.
Nouveau contrat social
Julie Francoeur croit que le temps est venu de conclure un nouveau contrat social entre les mondes agricole et urbain, un contrat qui fait confiance aux femmes et à leur expérience du métier. « Nous faisons face à l’urgence. La FAO [Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture] est catégorique : il n’y a plus de temps à perdre », dit-elle. On doit passer d’une agriculture productiviste à une agriculture plus respectueuse de l’environnement, ajoute Mme Francoeur. Même si de plus en plus d’hommes, généralement les jeunes, adhèrent à ce modèle, les femmes s’y investissent davantage. « Elles auront un rôle important à jouer dans ce changement de modèle », estime-t-elle.
Pendant deux ans, Julie Francoeur a fait partie d’un collectif agricole au Bas-Saint-Laurent. « C’est un modèle qui peut offrir un meilleur partage du pouvoir entre les partenaires et introduire plus de souplesse dans les rapports de travail entre les hommes et les femmes, mais ce n’est pas une formule magique », soutient Mme Francoeur, qui demeure optimiste quant à l’avenir. Elle souhaite que son livre relance les débats amorcés il y a 40 ans par le Comité provisoire des femmes en agriculture, soit l’ancêtre des Agricultrices du Québec, sur les questions de l’avenir de la ferme familiale et du modèle productiviste.