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Un sondage dévoilé le 8 octobre révèle que 90 % des agricultrices du Québec estiment être en surcharge mentale. Mandatée par les Agricultrices du Québec (AQ), la firme Léger a sondé 297 répondantes à travers le Québec en juillet.
« On savait déjà que les femmes en agriculture ont une charge assez élevée, mais je ne m’attendais pas à ce que le chiffre soit aussi haut », commente la présidente des Agricultrices du Québec, Valérie Fortier.
La conciliation travail-famille difficile et les responsabilités multiples sont les principales raisons expliquant la charge mentale élevée. À la ferme, les femmes ont affirmé occuper en moyenne 5,1 fonctions différentes, majoritairement en gestion et administration (77 %), en finance et comptabilité (74 %) et en production agricole (69 %). À la maison, elles s’occupent de 81 % de la gestion des tâches domestiques ou familiales dans le foyer. Conséquemment, la gestion des tâches multiples (63 %) arrive en tête des sources de stress que les répondantes mentionnent vivre au quotidien.
Valérie Fortier soutient que la pression provient tant des aléas de la météo que des rendez-vous des enfants. « On fait beaucoup ce qu’on appelle entre femmes « les taxis-moms« , parce que les enfants veulent aller travailler à l’extérieur de la ferme. Donc il faut jumeler ça, au travers de nos entreprises, à nos responsabilités qu’on a au sein d’organisations, parfois, auxquelles on siège. On s’est rendu compte que plusieurs font la comptabilité, les demandes de subventions au niveau des gouvernements avec [des échéanciers] serrés, et au travers de ça, il faut aller chercher des pièces et il faut que tu répares. Il y a plus qu’un rôle qu’une femme a à jouer au niveau de l’agriculture », énumère-t-elle. Copropriétaire d’une ferme laitière dans le Centre-du-Québec à 71 % avec son père, Valérie Fortier est aussi mère monoparentale de trois adolescents. Cette « taxi-mom » parvient à atténuer les effets de la charge mentale grâce au sport et aux formations offertes par les Agricultrices.
Le dévoilement du sondage concorde avec le lancement de la programmation 2024-2025 des Agricultrices du Québec pour améliorer la condition féminine agricole. « Il y a des dîners-causeries sur comment gérer son stress, comment diminuer la surcharge mentale, donner des trucs pour la conciliation travail-famille. Il y a des parcours pour aider les femmes qui ont une idée d’entreprise pour les coacher, pour […] aider les femmes à s’épanouir au niveau de leur leadership. Il y a un podcast qui aborde différents sujets », souligne Valérie Fortier.
Des données sur le travail invisible à la ferme
À la mi-novembre, les Agricultrices du Québec dévoileront un outil capable, à terme, de calculer le salaire équivalent au travail invisible à la ferme. Dans un premier temps, l’objectif sera d’amasser des données, tant chez les hommes que chez les femmes, pour documenter le phénomène. « Avec ça, on voudrait sensibiliser les gouvernements et aller chercher des crédits d’impôt », mentionne la présidente des Agricultrices du Québec, Valérie Fortier. Par exemple, les agricultrices qui ne reçoivent pas de salaire ne peuvent actuellement bénéficier du Régime québécois d’assurance parental après avoir accouché, mais doivent tout de même embaucher un employé – et le rémunérer – pour la remplacer au sein de l’entreprise. Les données amassées par ce projet, espère Mme Fortier, permettront de pallier ce problème.