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La zoothérapie est de plus en plus visible dans les institutions québécoises, que ce soit, par exemple, pour de l’accompagnement en cour de victimes d’actes criminels ou encore du soutien émotionnel aux côtés des policiers de la Sûreté du Québec. Même si le chien demeure le plus populaire pour cette stratégie d’intervention, les animaux de la ferme sont également appelés à jouer un rôle.
En entrant au Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) La Chrysalide de Terrebonne, on remarque tout de suite une cage. Elle abrite deux lapins. Quand on propose aux femmes qui ont vécu de l’exploitation sexuelle, de la traite ou de la prostitution de les caresser, les barrières tombent. « Le premier pas est toujours stressant. La vue des lapins désamorce ça assez rapidement », explique la coordonnatrice de l’organisme, France Clément, intervenante sociale aussi formée en zoothérapie.
Elle fait un parallèle avec le caractère nerveux et les « réactions naturelles de proie » du lapin et le « mode survie et hypervigilance » que vivent les femmes qui arrivent au CALACS. « Ça les aide à parler d’elles à travers ce qu’elles observent chez le lapin et ce que ça lui prend pour se calmer, se détendre, se sentir bien. En prenant soin du lapin, elles prennent soin d’elles. Elles voient comment elles peuvent transférer ça dans leur vie quand elles se sentent sur le qui-vive », illustre-t-elle.
Les lapins de La Chrysalide sont un prêt de la Ferme thérapeutique aux deux tilleuls, aussi située à Terrebonne. Des femmes iront à la ferme pour simplement bénéficier de la présence des chevaux, poules, chèvres, cochons, moutons et autres animaux, en plus de côtoyer les clientèles des camps de jour et autres bénéficiaires d’équithérapie. « On aimerait les intégrer à l’équipe des camps des jour, des jardins et des bureaux pour qu’elles puissent développer des compétences, une expérience de travail, et qu’elles puissent mettre quelque chose sur leur CV », souligne Nathalie Hervieux-Séguin, fondatrice de la ferme, aussi formée en équithérapie.
Un lieu thérapeutique en soi
Quand elle amène ses jeunes patients présentant des troubles sévères de comportement ou d’attachement dans une ferme, la zoothérapeute Audrey Desrosiers perçoit immédiatement un dépaysement. « Ils n’ont plus les repères d’opposition, de repli. Ils sont ailleurs, chez quelqu’un d’autre, et le lieu devient aussi thérapeutique. Ils n’ont pas le choix de se plier aux demandes du lieu. L’intervention commence dans le parking », explique celle qui a été à la barre de l’émission Zoothérapie, en 2021.
« Pour le jeune, le fait d’être choisi par un cheval quand certains ne sont pas choisis par leurs propres parents, ça réveille des affaires, poursuit-elle. Il y a des interventions qui ne pourraient être faites si ce n’était de la présence de l’animal. »
En somme, l’enfant apprend à lire tant l’animal, le lieu et ses camarades que lui-même, affirme la zoothérapeute.
La reconnaissance, un combat
La zoothérapeute Audrey Desrosiers mène depuis 10 ans un combat pour la formation des professionnels de la santé à l’approche de la zoothérapie et la reconnaissance de cette stratégie d’intervention. « Ça prend quelqu’un qui soit formé pour ça, pas n’importe qui qui s’improvise », plaide celle dont la clinique privée Au bout du museau embauche et forme des ergothérapeutes, orthophonistes, et autres travailleurs sociaux. France Clément, du CALACS La Chrysalide, compare l’évolution de la perception de la zoothérapie à celle de l’art-thérapie, qui a fait son chemin jusqu’aux bancs de l’université. « L’idée de pouvoir le coller à des cursus reconnus, je pense que ça permettrait de mieux s’assurer que la formation respecte certaines normes pour l’animal et pour les personnes. »