Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
TIMISKAMING – La zoothérapie fait sa place dans certaines communautés autochtones alors que le principe de Jordan autorise le recours à ces services pour le bien-être des enfants autochtones. La Terre a visité le ranch Algonquin Acres, une nouvelle corde à l’arc du Centre de santé de Timiskaming First Nation, en Abitibi-Témiscamingue.
À l’entrée de la communauté algonquine, un drapeau orange frappé du slogan « Every Child Matters » (Chaque enfant compte) attire l’attention. Il annonce les couleurs d’Algonquin Acres, une toute nouvelle entreprise qui a élu domicile dans les limites de la réserve et qui propose des services d’équithérapie culturellement adaptés à
20 jeunes d’âge scolaire.
Lisa Vicaire, qui a atteint la demi-finale du concours d’entrepreneuriat autochtone Pow Wow Pitch l’automne dernier, explique qu’en réalisant son rêve d’entreprise, elle voulait aussi élargir l’offre de services aux enfants de la communauté, dont sa propre fille atteinte d’ataxie, maladie neuromusculaire qui affecte la coordination des mouvements et de la posture.
« Elle a eu son diagnostic à un an. Quand elle a commencé à faire du cheval, ça a vraiment amélioré son balan, sa force quand elle est assise. Et en général, elle apprenait beaucoup plus quand elle était intéressée, quand j’utilisais les animaux. C’est ça qui m’a inspirée à travailler avec les enfants dans ma communauté pour leur donner un autre environnement
d’apprentissage », raconte celle qui a trouvé la motivation de finir son secondaire grâce au cheval que son père lui a acheté à 16 ans.
Autisme, anxiété, hyperactivité : la clientèle desservie par Algonquin Acres est variée. Chaque programme d’intervention est monté à partir d’objectifs que l’enfant doit atteindre. Jayda McMartin, 12 ans, y vient pour trouver le calme, mais aussi pour le loisir. « Ça me détend, ça me vide l’esprit. Je viens deux fois par semaine pour des leçons d’équitation, mais aussi pour l’équithérapie », confie-t-elle, de sa voix douce, en brossant Dreamer, son « cheval de cœur ».
Au Centre de santé de la communauté, Lisa Vicaire a été accueillie comme une bouffée d’air frais. « Il y a autant de besoins physiques que psychologiques qui sont répondus avec l’équithérapie, insiste Samantha Dufresne, éducatrice spécialisée. Dans mon caseload, on travaille la gestion des émotions, de la colère. Les chevaux ressentent beaucoup ce qu’on ressent, donc pour travailler avec le cheval, il faut commencer par se calmer.»
« Pour les enfants anxieux, qui ont peur de tout, c’est gros comme animal, donc ça leur donne de la confiance en soi, de nouveaux objectifs à atteindre », renchérit sa collègue Élodie L’Heureux. Les deux intervenantes s’entendent pour dire que ces apprentissages se consolident ensuite à l’école, puisque l’accès au ranch devient source de motivation.
Lisa Vicaire offre aussi des leçons d’équitation plus traditionnelles. « Je prends des élèves de partout, mais avec les élèves de la communauté, j’essaie d’intégrer notre culture. On peinture les chevaux comme nos ancêtres. J’essaie d’incorporer [la culture] où je peux. À Winneway, la communauté la plus proche, ils aimeraient venir aussi, mais il faudrait que j’agrandisse. Le besoin est vraiment là », souligne-t-elle.
Le Principe de Jordan
Le Principe de Jordan a été adopté par la Chambre des communes en 2007. Il vise à donner accès aux soins de santé et un soutien à l’apprentissage à tous les enfants autochtones du pays, sans égard à leur provenance, et en temps opportun. Le nom Jordan fait référence à Jordan River Anderson, un enfant cri du Manitoba, né avec plusieurs incapacités qui ont forcé son hospitalisation. Alors qu’à ses deux ans, les médecins ont jugé qu’il aurait pu recevoir des soins à domicile, les gouvernements fédéral et provincial ne s’entendaient pas sur qui allait payer la note. Jordan River Anderson est décédé pour l’hôpital, à l’âge de cinq ans.