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Une recherche réalisée sur une période de 2 ans dans 21 fermes de la région de la Chaudière-Appalaches a conclu que l’application additionnelle d’azote minéral dans une culture de maïs déjà fertilisée par des fumiers de ferme n’apportait aucune hausse significative de rendement dans 86 % des cas, soit 19 champs analysés sur 22.
« La littérature le disait et les conseillers le disaient aussi aux producteurs : dans une culture de maïs sur un retour de prairie fertilisé aux engrais de ferme, ça ne donne rien d’ajouter de l’azote minéral, au démarreur ou en postlevée. Avec cette étude, nous l’avons démontré », a expliqué en entrevue à la Terre le responsable de la recherche, Marc-Olivier Gasser, chercheur à l’Institut de recherche et développement en agroenvironnement (IRDA).
Des producteurs de la région auraient comme pratique d’ajouter dans leur culture de maïs jusqu’à 200 unités d’azote, sans tenir compte de la teneur fertilisante des lisiers appliqués sur la prairie. Or, l’équipe de recherche a évalué des applications de 40, 80, 120 et 160 unités d’azote dans une culture de maïs sur retour de prairie, sans noter d’augmentation de rendement comparativement aux témoins qui n’avaient reçu aucune dose, et ce, pour 11 champs sur 14.
« Dans l’autre projet, qui présentait une culture de maïs sur différents précédents culturaux [retour de soya ou de maïs], nous n’avons noté également aucune réponse à l’apport d’azote minéral en postlevée dans les huit sites étudiés. Il faudrait vraiment que les producteurs se questionnent sur l’utilité d’ajouter de l’azote minéral dans les champs qui affichent un historique d’épandage fréquent de lisier ou de fumier », a révélé M. Gasser, glissant par la même occasion que le constat de cette étude réalisée en Beauce pourrait s’appliquer à d’autres fermes du Québec, où les effluents d’élevage sont employés régulièrement.
Une dépense inutile de 2 575 $?
Cette étude réalisée par l’IRDA, conjointement avec Agrinova, mentionne que l’ajout d’azote minéral représente un déboursé important pour le producteur, lequel aurait pu, dans la majorité des cas, être carrément évité. Elle cite en exemple le coût de 60 kg d’azote minéral, qui se chiffre à environ 103 $ l’hectare (soit 2 575 $ pour un champ de 25 hectares). Le coût environnemental représente quant à lui l’équivalent de 24,5 tonnes de CO2 pour 25 hectares (des émissions semblables à celles de 6 voitures).
L’avis du conseiller SVP
Les résultats de M. Gasser et son équipe indiquent clairement que les producteurs auraient pu éviter l’ajout d’azote minéral dans la majorité des champs analysés, tout en conservant les mêmes rendements. Le chercheur avance toutefois l’idée qu’il ne faut pas systématiquement cesser l’apport de fertilisant azoté. « Si un producteur possédait une prairie qui a mal performé et dont le sol est relativement pauvre, oui, peut-être qu’alors un supplément d’azote aura un impact positif sur le rendement du maïs. En règle générale, avant d’ajouter une dose d’azote, il importe de faire valider les besoins des plantes par son conseiller », nuance M. Gasser.