Actualités 5 août 2016

Autre victoire contre le carpocapse

HEMMINGFORD—Hubert Philion, propriétaire des Vergers écologiques Philion à Hemmingford, vit un été difficile : un épisode de grêle a endommagé une bonne partie de ses fruits. Cependant, une excellente nouvelle est venue lui redonner le sourire. Encore cette année, les diffuseurs d’hormones assurant la confusion sexuelle du carpocapse ont été tellement efficaces qu’aucun traitement n’a été nécessaire de toute la saison.

« J’ai trouvé deux pommes atteintes par le carpocapse dans tout le verger, s’exclame Vicky Filion, conseillère au Club des producteurs du Sud-Ouest. Aucun insecticide n’aura donc à être appliqué! » Au cours de ses tournées d’observation, Mme Filion examine 200 pommes par secteur, soit environ un millier de fruits sur l’ensemble du verger. Dès qu’une pomme par secteur est atteinte, un traitement peut être recommandé.

Des pièges Delta, qui sont munis d’une superphéromone attirant les carpocapses, sont également disposés dans des pommiers a#n de capturer des carpocapses adultes. Si on dénombre entre quatre et six papillons sur un piège, c’est signe d’une forte pression.

À ce moment-là, on applique un larvicide ou un ovicide dans le verger. Les larvicides impliquent nécessairement un dommage sur la pomme, puisque la larve du carpocapse doit continuer de consommer le fruit pour ingérer le produit toxique. Il faut donc que le produit soit appliqué au bon moment afin de s’assurer que son efficacité est optimale.

« Les insecticides, c’est compliqué. Il faut connaître le stade de vie de l’insecte, attendre la bonne température et tout plein de facteurs changeants, explique la conseillère. La confusion sexuelle simplifie le processus. »

Toutes les données de la région sont ensuite réunies pour produire une courbe de tendance qui servira de modèle prévisionnel pour la récolte en cours et les années subséquentes.

Conscientiser la population

« Je dirais qu’un de nos plus gros défis est la valorisation des méthodes de lutte intégrée. Le public a tendance à classer les vergers en deux catégories : conventionnels ou biologiques, déplore Hubert Philion. Moi, je me situe dans une zone grise et les gens ne le comprennent pas toujours. » Bien qu’il tente de son mieux de réduire sa consommation de pesticides et que ses pratiques agricoles tendent le plus possible vers les options écologiques, M. Philion considère qu’il est difficile de produire des pommes biologiques qui satisfont l’oeil critique des consommateurs.

Cependant, il a bon espoir que les méthodes de production fruitière intégrée, comme la confusion sexuelle, feront leur chemin dans le quotidien des acheteurs, mais aussi des producteurs. « Ils ont tout à gagner avec la confusion, dit-il. C’est plus simple, plus écologique et aussi fiable qu’un traitement insecticide! »