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Notre magnifique concours a généré une participation nombreuse. Comme promis, nous publions deux fois par semaine, les textes de tous les participants. Vivre à la campagne remercie chaleureusement ceux et celles qui ont avec fierté relaté un morceau de leur vie pour nous inciter à aller les visiter.
Place à vos écrits, place à vos coups de cœur!
Saint-Léon-de-Standon
Par Françoise Bourgault
Mon village est niché au bord de la rivière Etchemin entre deux fesses de montagnes des Appalaches. On est loin du fleuve et des belles terres de la vallée du Saint-Laurent. Ça expliquerait pourquoi ses premiers habitants n’étaient pas des peureux. Ils étaient des aventuriers forts et résistants. Les terres les plus faciles à cultiver au nord de la région Chaudière-Appalaches avaient déjà été données aux plus vieux de famille; les autres devaient descendre toujours plus au sud, dans le bois et sur des terres de roches.
Il y a maintenant 140 ans que La Crapaudière, la Côte des chiens, le Chemin neuf et quelques autres rangs de mon village ont vu grandir des générations de gens débrouillards, fiers et durs à la besogne. L’agriculture ne fait plus vivre les familles et la forêt non plus. Des jeunes s’ennuient de leur village dans les rues de Québec et de Montréal. Ils ont dû le quitter pour étudier et pour travailler. Mais au fond de chacun d’eux, la racine est là bien prise dans la terre et dans la roche. Bien prise aussi dans les cuisines d’été, dans les voyages de foin, dans les petites fraises gorgées de soleil, dans l’arrondi des montagnes et dans les cabanes à sucre. On ne quitte pas vraiment mon village, on l’apporte dans ses bagages.
Mon village m’a fait signe à l’heure de la retraite. Et c’est comme si je revenais à la maison. Comme si toutes ces années passées en ville à « mettre du beurre sur notre pain » devaient aboutir ici, chez moi, à Standon. Les méandres de la rivière Etchemin sont comme les détours de la vie, ils nous apprennent à changer de cap, à se réajuster. Ils nous rendent plus souples.
Les étranges sont nombreux ici. Les montagnes, la rivière, la forêt et les grands espaces y sont pour quelque chose. Les gens et la vie paisible aussi. Et l’histoire et le patrimoine. À Standon, on n’a pas de Fred Pellerin mais on a un vieux Léon au verbe abondant et au geste large de politicien. On n’a pas fait la Petite séduction mais on sort notre plus beau linge pour recevoir la visite et leur montrer nos merveilles. On n’a pas d’hôtel quatre étoiles non plus mais le ciel des nuits d’hiver est un gros édredon douillet percé de lumières. Et surtout, nous avons des légendes qui racontent la vie d’autrefois; elles s’appellent Cécile, Augustin, Bernard, Janette, Julien… On les écouterait à n’en plus finir!
Mais surtout, mon village tricote les journées au fil de la solidarité et du partage. Il en fait une belle cramonne d’amitiés doudounnes qui tiennent le cœur au chaud.
Bienvenue chez nous à Saint-Léon-de-Standon!
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