Régions 10 mars 2020

Le compost populaire en Estrie

Même si vous n’utilisez pas de compost, vous en avez certainement déjà entendu parler. Connaissez-vous les coûts de votre fertilisation organique et les avez-vous comparés à ceux du compostage? Deux initiatives organisées l’automne dernier en Estrie visaient à sensibiliser les producteurs aux avantages de cette technique, particulièrement lorsqu’elle est pratiquée au retourneur d’andain.

Souhaitant développer les services-conseils en compostage, le Club agroenvironnemental de l’Estrie et la Direction régionale de l’Estrie du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec ont monté en parallèle un projet de démonstration de différentes techniques de retournement de compost sur une ferme maraîchère. Ainsi, à l’automne dernier, une quarantaine de producteurs se sont réunis à la Ferme Sanders, pionnière en agriculture maraîchère biologique au Québec, afin de découvrir un des projets du producteur Russell Pocock, soit l’amélioration de la fertilisation organique et, par le fait même, des techniques de compostage de fumier de bovins.

Trois techniques de retournement
de compost

L’objectif était de présenter les différentes techniques de retournement d’un andain et de faire connaître les acteurs du milieu. Ainsi, les trois techniques suivantes ont été comparées :

  • Retournement à la pelle de tracteur (où deux andains parallèles sont retournés simultanément et mis en un seul andain);
  • Retournement à l’épandeur de fumier;
  • Retournement avec un retourneur d’andain.

Lors de l’activité, on a expliqué les fonctions du compostage, comme la concentration des nutriments, notamment l’azote et le potassium, mais aussi l’inoculation de microorganismes bénéfiques dans le sol. Pour ce faire, une diversité de nourriture et de matériaux doit être présente dans le mélange à composter, et celui-ci doit être bien aéré pour s’assurer de créer des conditions propices pour des microorganismes bénéfiques (en présence d’oxygène) et non pathogènes (en l’absence d’oxygène). Russell Pocock, copropriétaire de la ferme Sanders, à Compton, a expliqué les raisons qui le motivaient à faire du compost : « Il y a 40 ans, les gars de biodynamique nous parlaient de la force du vivant. Aujourd’hui, la science explique finalement ce qu’ils voulaient dire par la force du vivant : les microorganismes. »

Photo : Club agroenvironnemental de l’Estrie
Photo : Club agroenvironnemental de l’Estrie

Alexandre Dagenais, entrepreneur dans la région, a souligné quant à lui qu’en ameublissant le fumier, le compostage permettait de réduire l’usure de l’épandeur et d’améliorer l’uniformité de l’épandage. La journée s’est terminée par une démonstration du retourneur d’andain, qui peut retourner un andain plus vite qu’un épandeur à fumier et plus uniformément qu’une pelle de tracteur.

Bénéfique et rentable

En novembre 2019, des analyses microbiennes et chimiques réalisées par Docterre, une entreprise située à North Hatley, sur les différentes techniques de retournement ont démontré que le retourneur d’andain avait non seulement concentré les nutriments plus que les autres techniques, mais aussi permis d’inoculer des microorganismes bénéfiques plutôt que pathogènes. Une analyse technico-économique réalisée à la suite du projet a quant à elle démontré que dans le contexte actuel de l’Estrie, il n’est pas beaucoup plus coûteux de faire du compost au retourneur d’andain plutôt qu’avec une pelle de tracteur. De plus, il est assez rentable de le faire à la ferme, plutôt que d’acheter du compost commercial qui peut coûter environ 150 $ la tonne et voyager quelques centaines de kilomètres.

Ce projet, financé par le Programme Prime-Vert 3.2, a permis d’informer une centaine de producteurs, de donner suite à un deuxième projet sur le sujet et de développer des services-conseils qui bénéficieront directement aux producteurs.

Clémence Fortier-Morissette, agr., ing., conseillère – génie agroenvironnemental, Club agroenvironnemental de l’Estrie


Ce texte est une présentation de VIA, Pôle d’expertise en services-conseils agricoles et est paru dans un cahier spécial de La Terre de chez nous, le 4 mars 2020.