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Une garderie où les bambins côtoient des animaux et découvrent la nature, voilà une idée séduisante pour bien des parents. Mais attention, on n’éduque pas des tout-petits sur une fermette en criant lapin!
En 2004, Louise Dupont tombe en amour avec une maison centenaire de Richelieu. La résidence est entourée d’un grand terrain sur lequel se trouve une vieille grange. Il manquait seulement des animaux et des rires d’enfants pour égayer le tout.
Diplômée en technique d’éducation à l’enfance et en pédagogie, Mme Dupont décide d’y ouvrir une garderie en milieu familial : La ferme en folie. Sa maison a été aménagée afin de recevoir quotidiennement neuf bambins. Glissoires et balançoires ont été installées dans la cour. Le deuxième étage de la grange a été transformé en salle de jeux. Aujourd’hui, elle envisage de déménager pour consacrer toute la résidence à la garderie. L’installation pourrait alors accueillir une trentaine de petits. Mais il y a encore des obstacles à franchir avant que son rêve devienne réalité.
Le zonage
Les règlements en zone agricole sont très stricts. On peut ouvrir une garderie en milieu familial sans problème, mais pas une installation, confirme Agnès Jarnuszkiewicz, porte-parole de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Il faut d’abord s’adresser à la CPTAQ et à sa municipalité pour avoir une autorisation. Et la partie est loin d’être gagnée d’avance.
Louise Dupont a eu la chance d’être appuyée par le maire de Richelieu, Jacques Ladouceur, qui, en plus d’adopter un règlement spécial pour permettre la réalisation du projet, a plaidé en sa faveur devant la CPTAQ en 2009. L’éducatrice a aussi eu le soutien des deux députés de sa région. Après deux ans de démarches, elle a enfin obtenu son autorisation.
Normes à respecter
Mais le projet tarde à se réaliser. « J’attends d’obtenir des places subventionnées [à 7 $] du ministère de la Famille, note Mme Dupont. Je ne souhaite pas que les parents soient obligés de payer davantage. » Elle doit aussi trouver le financement nécessaire pour que la garderie soit conforme aux différentes exigences du Ministère. Il faut notamment une cuisine fermée, un vestiaire et des modules de jeux qui répondent à des normes bien précises.
Les normes sont moins exigeantes pour une garderie en milieu familial subventionnée, comme celle que possède Mme Dupont actuellement. Il faut néanmoins être accrédité par le bureau coordonnateur de sa région. L’éducatrice doit également avoir un minimum de formation. Elle peut accueillir jusqu’à six petits, ou neuf si elle a une assistante. Une attestation « d’absence d’empêchement », soit une vérification des antécédents judiciaires par le service de police, est un incontournable. Toute la réglementation concernant l’ouverture d’une garderie est disponible sur le site du Ministère.
Pour une garderie en milieu familial non subventionnée, il n’y a pratiquement aucune norme. « Il faut respecter le maximum de six enfants et fournir aux parents un relevé 24 pour frais de garde », précise Nadia Caron, porte-parole au ministère de la Famille.
La vie à la ferme
Les protégés de Louise Dupont sont ravis de pouvoir nourrir, flatter et observer les animaux, qu’il s’agisse des poules, des pintades, des faisans, des lapins ou des chèvres. À l’automne, la majorité des bêtes sont abattues, puis servies aux petits lors des repas. Mais d’ici là, elles restent dans la grange ou les enclos. Aucun animal ne met les pattes à l’intérieur de la garderie. Pas même le chat!
Dans les milieux familiaux, la présence d’animaux est autorisée, mais déconseillée. « Les tout-petits n’ont pas encore acquis les habitudes d’hygiène nécessaires pour côtoyer de près les bêtes, prévient un représentant du ministère de la Famille. Ils ont tendance à tout porter à leur bouche et à ne pas se laver les mains régulièrement. Ils sont particulièrement vulnérables aux microbes et aux bactéries de toutes sortes. Ils sont aussi nombreux à présenter des allergies ou à être asthmatiques. »
Louise Dupont dit n’avoir jamais eu de problèmes liés à ses bêtes. Elle suggère toutefois de s’assurer d’en choisir qui sont adaptées aux enfants. « Je n’aurais pas de sangliers, par exemple, parce que ce sont des animaux trop agressifs », note-t-elle. Et il faut toujours surveiller les petits de près quand ils sont en contact avec des bêtes.
Dans les garderies en installation, les animaux sont tout simplement proscrits. Néanmoins, si le projet se réalise, Mme Dupont pourra amener les enfants à la grange. « Il s’agit d’entités différentes. La garderie, c’est la maison. Les parents devront signer une autorisation pour que leurs petits visitent la ferme », précise-t-elle.
Cet été, Louise Dupont souhaite également créer un potager. Il faut toutefois savoir que le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs impose des normes très strictes relativement aux pesticides sur le terrain d’une garderie. Certaines municipalités ont aussi adopté des réglementations encore plus sévères.
Apprécié des parents
Il semble y avoir un réel intérêt de la part des parents pour un service semblable. Ceux dont les enfants fréquentent La ferme en folie disent avoir été séduits par le décor, les animaux et la qualité de la nourriture. « C’est un projet très intéressant qui amène les enfants à découvrir la nature. Ils vont aussi beaucoup dehors. Ma fille adore ça ! », témoigne Karine Bilodeau.
Elle n’est pas la seule à le penser. La liste d’attente de Louise Dupont compte près de 200 noms! Évidemment, son emplacement, sur la route principale à la sortie de la ville, n’y est pas étranger. « Si j’étais au fond d’un rang, la situation serait peut-être différente », convient-elle.
S’occuper à la fois des enfants et des animaux nécessite toutefois beaucoup de travail. La garderie est ouverte 50 heures par semaine, conformément aux exigences du ministère de la Famille. Et même si les bambins ramassent les œufs et donnent du grain aux poules, Mme Dupont doit consacrer du temps aux bêtes. Néanmoins, elle ne changerait sa situation pour rien au monde.