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Bien qu’elle ait évolué dans le temps, la formule collective des syndicats de gestion (désormais connus sous le nom de groupes-conseils) demeure pertinente aujourd’hui alors que les marges bénéficiaires des entreprises agricoles sont de plus en plus minces, note l’agroéconomiste Bernard Belzile. Ce dernier, qui a été secrétaire de la Fédération des syndicats de gestion du Québec de 1984 à 2003, vient de publier un livre sur le sujet. Ces organismes se sont donné la vocation de faire des producteurs québécois de meilleurs gestionnaires.
Dans tout le Canada, les syndicats de gestion constituent un phénomène particulier à la Belle Province, où des agriculteurs se regroupent pour embaucher un conseiller afin de les assister dans la gestion de leur entreprise. La formule, « très importante dans toute l’évolution de l’agriculture au Québec », a fait des petits ailleurs, notamment en Ontario, explique Bernard Belzile.
Un peu d’histoire
Le livre Histoire des syndicats de gestion agricole dresse ainsi l’historique du mouvement, de la mise en place du premier syndicat dans Iberville-Missisquoi, en 1968, jusqu’à aujourd’hui. Sous l’impulsion de plusieurs pionniers, dont le professeur Maurice Carel, de l’Université Laval, la formule explose avec une cinquantaine de syndicats sur le territoire au début des années 1980. En 1982, ces derniers se regroupent au sein de la Fédération des syndicats de gestion agricole du Québec. Dans les années 2000, celle-ci change de nom en troquant le vocable « syndicat » contre celui de « groupe-conseil ». Malgré le changement de nom, la mission de l’organisation est demeurée la même.
Bénéfices
Les analyses de groupes constituent la marque de commerce de ce mouvement. Cette façon de faire donne la possibilité de compiler les données sur une base standardisée, ce qui permet de les comparer, précise M. Belzile. Les « clubs », dans le jargon, rendent aussi possibles les échanges entre les agriculteurs. Depuis leurs débuts, les syndicats de gestion se basent sur le partenariat entre les agronomes et les producteurs. « Le conseiller n’est pas vu comme un expert, mais comme un accompagnateur. Il a pour objectif de rendre l’agriculteur le plus autonome possible. La démarche ne consiste pas à lui donner un simple conseil, mais de l’amener à comprendre pourquoi il devrait prendre telle décision. C’est un échange qui se fait sur une base de respect mutuel et de confiance », explique l’agroéconomiste.
Résilience
Histoire des syndicats de gestion agricole aborde aussi le grand bouleversement du milieu des années 2000. À l’époque, le gouvernement avait modifié l’aide accordée aux groupes-conseils en ne finançant plus ces organismes selon leur nombre de membres, mais plutôt en fonction des actes posés. Aujourd’hui, le Québec recense une vingtaine de groupes, qui prennent la forme de cabinets-conseils regroupant sous le même toit des conseillers en gestion, en agroenvironnement et en établissement. Fondé en 2017, Via Pôle d’expertise en services-conseils agricoles se veut le descendant de la Fédération des syndicats de gestion agricole. La formule s’appuie toujours sur l’implication de producteurs administrateurs. Le livre de M. Belzile est l’aboutissement de cinq ans de travail. Il est publié aux Presses de l’Université Laval.