Vie rurale 5 février 2020

Projet de recherche pancanadien sur la santé mentale des agriculteurs

Comprendre comment le bien-être mental peut influencer la gestion d’une entreprise agricole tout en trouvant des solutions pour mieux accompagner les producteurs, telle est la mission d’un nouveau projet de recherche pancanadien.

Alors que plusieurs études sur le sujet ont déjà été produites, les chercheurs du Wilton Consulting Group, de Guelph en Ontario, en collaboration avec Gestion agricole du Canada, misent sur les pistes de solutions pour explorer le lien entre la santé mentale des agriculteurs et la gestion de leurs entreprises agricoles.

Martine Deschamps
Martine Deschamps

« Nous essayons de nous concentrer sur quelques moyens pratiques de diffuser des messages sur la gestion des entreprises agricoles qui permettraient de soutenir et d’améliorer la santé mentale [des producteurs] », explique  le consultant Mark Andrachuk, du Wilton Consulting Group.

D’ici la fin du projet, prévu pour avril, le groupe analysera les résultats d’un sondage réalisé par Financement agricole Canada auprès d’environ 1 800 producteurs. Ces derniers ont été  interrogés, entre autres, sur leur niveau d’implication dans différentes activités de gestion (p. ex. : tenue de registres, surveillance des marchés, consultation avec des conseillers, etc.), leurs facteurs de stress et l’impact de la planification des activités sur leur « paix d’esprit », indique M. Andrachuk. La firme fera également des entrevues auprès d’environ 70 personnes parmi des agriculteurs, des représentants de l’industrie agricole et des professionnels de la santé.

Indispensable

La conseillère en transfert de ferme et développement organisationnel Martine Deschamps estime qu’une telle démarche est « indispensable ». Alors que plusieurs de ses clients producteurs sont sur une liste d’attente pour consulter un psychologue, d’autres ne parviennent tout simplement pas à laisser un message vocal à un cabinet de leur région. « Ça n’a aucun bon sens », estime celle qui siège également au comité consultatif du projet de recherche.

Une douzaine d’ateliers sont prévus au pays dans le cadre de cette étude. Au Québec, un groupe de discussion se réunira ce printemps à Saint-Eustache, dans les Laurentides. Martine Deschamps a également animé un groupe de discussion le 28 janvier à Sainte-Martine, en Montérégie.  « Les gens sont un peu craintifs quand il s’agit de parler, mais il faut qu’ils nous aident à les aider. Les groupes sont confidentiels et les résultats, anonymes », assure-t-elle.

Une nouvelle génération encourageante

Au-delà des ressources d’aide, les mentalités doivent aussi évoluer dans le milieu agricole. « Pour eux autres [les producteurs], c’est normal d’être stressé 365 jours par année. Mais non, ce n’est pas normal. Dans leur barème, quand t’es pas stressé, t’es pas travaillant. Il y a encore des préjugés comme ça qui se promènent », estime Mme Deschamps.  Heureusement, la nouvelle génération n’adhère pas vraiment à ce mode de pensée, observe la consultante. Plusieurs transferts d’entreprise se font avec un ratio de 1 pour 2 ou 3 gestionnaires de la relève, ce qui leur évite de devoir faire de 80 à 90 heures par semaine. « Et je trouve ça très brillant, affirme Mme Deschamps. Partageons le risque, partageons le stress. »