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Longtemps considérée comme l’enfant pauvre de la culture, la bibliothèque rurale du Québec a maintenant rattrapé son retard. Après avoir traîné de la patte, elle affiche aujourd’hui l’un des meilleurs taux de fréquentation en Amérique du Nord.
Connu autrefois comme la grange du curé, le bâtiment a été acquis et rénové par la municipalité pour en faire un lieu de spectacles et de rassemblements populaires. Il constitue notamment le centre d’attraction du Marché de Noël de la Jacques-Cartier.
« On a rattrapé et même dépassé les Américains », affirme fièrement Marcel Bouchard, fondateur du Réseau BIBLIO des Laurentides. Impliqué aussi dans l’expansion des bibliothèques au Saguenay–Lac-Saint-Jean, en Outaouais et dans Lanaudière, il a contribué à l’ouverture de 155 d’entre elles dans le monde rural.
En 1971, il a commencé à titre d’adjoint de Philippe Sauvageau, un autre grand bâtisseur de bibliothèques rurales, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Conscients que le développement de la culture passe bien souvent par les femmes en milieu rural, ils ont réussi à y ouvrir 52 bibliothèques en impliquant les Associations féminines d’éducation et d’action sociales (AFEAS) locales.
« Quand 35 femmes débarquaient en assemblée publique, le conseil municipal disait oui à tout coup », s’amuse encore Marcel Bouchard. Cet enseignant originaire de l’Abitibi voulait donner aux ruraux l’accès à la connaissance. Que l’on soit agriculteur ou producteur forestier, jugeait-il, on possède tous un droit fondamental à la culture et à la création.
S’il a constaté les impacts positifs des bibliothèques à la campagne, Marcel Bouchard dit surtout retenir la force de la coopération. Dans Lanaudière, rappelle-t-il, le travail concerté du milieu culturel a permis à ces institutions de « passer devant les entreprises » au sommet socioéconomique de la région, un forum en vogue à cette époque. Il a renouvelé l’expérience dans les Laurentides, où un projet de mise à niveau du tiers des 62 bibliothèques a été priorisé.
Le Réseau BIBLIO des Laurentides est le premier au Québec à avoir automatisé ses opérations à 100 %. Il constitue aussi l’un des pionniers dans l’univers du livre numérisé. En région rurale, où les distances sont grandes et les heures d’ouverture des bibliothèques se limitent parfois à quelques heures par semaine, le livrel connaît une popularité fulgurante. La directrice générale, JoAnne Turnbull, confirme que l’intérêt du public va en s’accroissant.
« Avec Internet, dit-elle, la bibliothèque peut être ouverte 24 heures sur 24 et à longueur d’année. Elle devient la place-citoyen et prend de plus en plus d’ampleur. C’est ce que l’on constate. Avec le service Internet Wi-Fi, c’est un lieu où les gens se voient et jasent ensemble. La bibliothèque aide à fortifier le sentiment d’appartenance. Elle peut jouer ce rôle en milieu rural, notamment auprès des gens qui viennent s’y établir. »