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Basé à Tokyo, au Japon, notre correspondant partage avec les lecteurs de la Terre son expérience du séisme dévastateur du 11 mars dernier, et des conséquences encore incertaines sur le commerce agroalimentaire.
Je marchais à mi-chemin de ma maison dans la campagne de la préfecture de Tokyo vers la gare de train à 2 h 56 de l’après-midi du 11 mars quand j’ai tout à coup ressenti une nausée, comme un mal de mer. « Ben voyons, qu’est-ce que j’ai? » ai-je pensé. Le sol vibre… un tremblement de terre! Les fils électriques au-dessus de ma tête… courons vers un terrain découvert! Je rejoins un groupe de gens rassemblés devant un dépanneur. « C’est un gros! » s’exclame-t-on l’un à l’autre. C’était peu dire. À presque 9 sur l’échelle Richter, c’était le plus gros séisme enregistré dans l’histoire du pays.
Le séisme a frappé de plein fouet la préfecture de Miyagi, dans la région de Tôhoku, au nord de Honshu, l’île principale du Japon. C’est une région fortement agricole. Du riz bien sûr, mais aussi des fruits et des légumes y poussent, et l’on y élève du porc, des bovins ainsi que de la volaille. Le tremblement de terre avait déjà endommagé beaucoup d’exploitations, et un tsunami a emporté des maisons, des fermes, des serres. Dans cette seule préfecture, on estime à plus de 10 000 le nombre de morts. Et il y a aussi des milliers de blessés.
Et comme si ce n’était pas assez, une centrale nucléaire est menacée d’effondrement dans la préfecture de fukushima, à 250 kilomètres de Tokyo. Pour soulager la pression, on a relâché de la vapeur radioactive. Les vents nord-sud ont transporté des éléments radioactifs jusqu’à la capitale.
On ne peut pas dire que le Japon est paralysé, mais certainement handicapé. Les trains se sont arrêtés la journée du séisme. L’eau coule lentement du robinet ou pas du tout. L’électricité est coupée dans certaines régions. Quand les commerces opèrent, c’est souvent avec un éclairage réduit afin d’économiser l’électricité, et plusieurs établissements ferment aussi tôt que cinq heures. C’est aussi le branle-bas sur les denrées alimentaires. Les étalages se vident des produits de base que les consommateurs amassent, comme le lait et le tofu, mais aussi des articles comme le papier hygiénique, en crainte d’une pénurie.
Il est trop tôt pour déterminer quels seront les impacts du tremblement de terre sur l’agriculture du pays et le commerce agroalimentaire, et l’on adopte la loi du silence. À la direction générale du Québec, on se refuse à tout commentaire. Même chose à Meat and Livestock Australia. Le représentant de Canada Porc International ne répond pas aux courriels. Aux bureaux du US Meat Export federation et du Canada Beef Export federation, on ne répond même pas au téléphone. Mais le directeur général de l’Association des négociants en viande du Japon, lui, est toujours fort loquace. Si dans un premier temps, les importations de viande vont baisser parce que le commerce est perturbé, l’inévitable montée des prix des aliments pour animaux d’élevage mènera nécessairement à une hausse des prix du porc et de la volaille, prévoit M. Tatsuo Iwama. L’élevage deviendra moins rentable, et la production baissera. « La demande se tournera vers la volaille et le porc d’importation », prévoit M. Iwama.