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ALMA — Après quatre ans d’existence, le concept de Zone boréale au Saguenay —Lac-Saint-Jean compte plus d’adhérents et de déclinaisons qu’auraient rêvé ses gestionnaires.
Ce concept vise non seulement à faire connaître les denrées produites par les agriculteurs et les transformateurs locaux, mais à les différencier de tous les autres aliments existants. « On veut être réputés non seulement pour notre tarte aux bleuets et notre soupe aux gourganes, mais aussi pour notre cuisine boréale afin qu’elle devienne reconnue au même titre que la cuisine méditerranéenne grâce à une redéfinition de notre identité culinaire », dit avec ambition Nancy Ouellet, directrice de la Table agroalimentaire du Saguenay–Lac-Sant-Jean, l’organisme qui chapeaute Zone boréale. Et ça marche! De nombreux produits tels qu’agneau, huile de chanvre, épices, produits laitiers, charcuteries et ingrédients à cocktails sont aujourd’hui fièrement mis de l’avant par des commerces locaux et graduellement expédiés vers d’autres régions par des distributeurs.
Plus qu’un vœu pieux
Zone boréale n’est pas qu’un vœu pieux; les entreprises qui adhèrent à ce concept doivent s’y engager sérieusement, de manière officielle. Quatorze restaurants ont ainsi signé la charte les obligeant à utiliser d’importants pourcentages de produits locaux variant selon la catégorie et d’en faire la promotion. Près de 30 marchands, dont des propriétaires de supermarchés, se sont engagés à mettre en valeur des produits typiques de la région. Quarante services de garde ont formellement accepté de mettre le terroir régional au cœur de leurs activités éducatives, ce qui touche près de 1 000 enfants. Des influenceurs comme des nutritionnistes ont suivi une formation leur expliquant spécifiquement le terroir et les produits du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
« On ne fait pas que sensibiliser les entreprises et la population, on les incite à changer leurs habitudes et à s’approvisionner en aliments locaux », assure Nancy Ouellet. Au départ, l’équipe de Zone boréale organisait des séances de rencontres express (speed dating) entre agriculteurs, transformateurs et restaurateurs, chose qui n’est plus nécessaire aujourd’hui. « Au début, on faisait passer des produits locaux devant eux, et ils disaient : “Ah! Je ne savais pas qu’on avait ça ici. Je pourrais l’utiliser de telle façon!” Mais aujourd’hui, c’est l’inverse : ce sont eux qui trouvent eux-mêmes les produits locaux pour les mettre en valeur. On est vraiment en train de construire quelque chose collectivement », atteste Mme Ouellet.
Pourquoi le mot « boréal »?
L’aspect boréal fait évidemment référence à la zone géographique nordique où se situe le Saguenay–Lac-Saint-Jean. L’organisme Zone boréale indique que ce territoire éloigné où les températures sont plus fraîches diminue naturellement la pression des ravageurs chez les cultures et les problèmes de maladies dans les élevages. De plus, l’alternance de journées chaudes et de nuits froides favoriserait une plus grande accumulation de sucres chez les plantes et les petits fruits. Les végétaux en situation de stress produiraient aussi davantage de polyphénols réputés pour leur capacité antioxydante.
« Ça fait wow! » La propriétaire de l’Exode Café, Agathe Bouchard, est l’une des premières à avoir adhéré au concept Zone boréale et elle affirme qu’il s’agit maintenant d’un élément très important pour sa clientèle. « On a des produits locaux comme la sauce Mistouk aux camerises, le confit d’oignons Bock aux bleuets sauvages ou le jerky de bœuf qui donnent une explosion de saveurs. Ça fait wow! Et ça nous démarque. Honnêtement, les gens viennent ici parce que c’est local et parce que je suis la meilleure! » affirme sans excès de modestie Mme Bouchard. Son restaurant situé à Alma, au Lac-Saint-Jean, affiche le nom des fournisseurs d’aliments locaux sur son site Internet. Le personnel se fait un point d’honneur d’indiquer aux clients qu’ils sont des ambassadeurs de la Zone boréale. « C’est incroyable de voir l’expression des gens quand on leur explique ce que signifie être un ambassadeur et que nous avons une charte pour les aliments locaux. On voit les étincelles dans leurs yeux. Ça leur parle vraiment », mentionne Mme Bouchard. Elle ajoute que cette obligation d’acheter un pourcentage de produits locaux a l’avantage de faire découvrir d’excellents aliments autrement ignorés. « On fait des recherches, on parle à des gens et on découvre un éventail de produits qu’on n’aurait pas vus avant », assure-t-elle. Un peu plus cher Agathe Bouchard indique que l’achat de produits locaux fait légèrement grimper ses coûts de production et celui de ses plats, mais sa clientèle en comprend la raison et ne rechigne pas. Elle donne l’exemple de ses produits de boulangerie. Il serait plus simple d’employer les pains moins chers offerts par le distributeur. Elle encourage plutôt la boulangerie locale qui offre des produits « souvent meilleurs et plus frais », indique-t-elle. |