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Les ventes de vin québécois ont plus que doublé en cinq ans, passant de 1 à 2,3 millions de bouteilles de 2012 à 2017, selon le Conseil des vins du Québec. Un gain en popularité attribuable au bon travail des viticulteurs et des vignerons, mais aussi à celui d’un groupe de chercheurs derrière un vignoble expérimental situé à Oka, dans les Laurentides.
Caroline Provost, chercheuse au Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM), pilote les travaux menés à cet endroit et où l’on teste une soixantaine de variétés de vignes. Avec les années, son groupe a aussi mis au point des techniques pour optimiser la production des raisins ainsi que leur taux de sucre. Un travail qui requiert d’abord de mettre en échec le principal ennemi des vignes québécoises : le froid. « C’est notre plus gros défi, admet la spécialiste. Une fois que c’est contrôlé, on peut avoir une belle production. »
Des techniques made in Québec
Pour y arriver, l’équipe de Mme Provost a testé différentes façons de protéger les ceps de vignes, en validant d’abord celle du buttage. Recouvrir de terre les pieds de vigne s’est avéré efficace, mais demande un travail laborieux aux viticulteurs. Ceux-ci ont préféré troquer la terre pour des toiles de géotextile, une autre approche développée par l’équipe de Mme Provost. « La technique est de plus en plus utilisée par les viticulteurs du Québec, mais aussi ceux de l’Ontario », se félicite la chercheuse.
Pareilles méthodes ont permis de réduire les dégâts causés aux vignes par l’hiver québécois. Mais encore fallait-il trouver une solution aux gels printaniers qui ont longtemps réduit la productivité des vignobles. Les chercheurs du CRAM ont procédé à différents tests pour contourner le problème. Leur solution : élever la vigne à 1,5 m au-dessus du sol plutôt qu’à une trentaine de centimètres. « À cette hauteur, la vigne se montre plus robuste », explique la chercheuse. Le débours est peut-être retardé de quatre à cinq jours, admet-elle, mais la probabilité que les raisins soient affectés par un gel printanier est par le fait même réduite. « Finalement, on gagne en productivité », ajoute Mme Provost.
Cépages hybrides Le succès actuel du vin québécois s’explique aussi par une meilleure connaissance des cépages hybrides, issus du croisement de vignes « nobles » comme les Vitis vinifera et de variétés rustiques adaptées au climat nord-américain. « On ne plante plus n’importe quoi, n’importe où, explique Karine Pedneault, professeure en biologie à l’Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse. On sait maintenant quelles variétés utiliser pour chaque terroir au Québec. » Selon elle, le succès vient aussi des méthodes de vinification qui ont été adaptées aux cépages hybrides. « Les protéines qui permettent aux variétés hybrides de résister aux maladies nuisent également à la vinification », dit-elle. Pour contourner le problème, les vignerons misent désormais sur des assemblages qu’ils covinifient, ou ajoutent de l’azote pour assister les levures dans leur travail. « On explore toutes sortes de nouvelles façons, explique la spécialiste, parce que les variétés de raisins hybrides sont complètement différentes des vinifera qu’on trouve en Europe. |