Élevage 23 septembre 2014

Une Fédération prête à sortir de l’émergence

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Au cours de la dernière décennie, l’élevage des grands gibiers a vécu des hauts et des bas. Aujourd’hui, le secteur se trouve à la croisée des chemins.

Au cours de la dernière décennie, l’élevage des grands gibiers a vécu des hauts et des bas. Aujourd’hui, le secteur se trouve à la croisée des chemins.

Dans les années 1990, l’élevage du wapiti était florissant, se rappelle le président de la Fédération des éleveurs de grands gibiers du Québec (FÉGGQ), Gaétan Lehoux. «Le marché de la chasse était très bon et celui du bois de velours excellent, avec des prix jusqu’à 100 $/livre.» Les producteurs se sont donc concentrés sur la commercialisation du bois de velours, plutôt que sur la venaison. Malheureusement, en 2003, un premier cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) est découvert en Alberta. Les pays d’Asie, friands de bois de velours, ferment leurs frontières à tous les produits de ruminants. «Ç’a fait très mal. Le nombre d’éleveurs a diminué considérablement. Il reste entre 15 et 20 purs et durs», calcule M. Lehoux. Leurs collègues éleveurs de cerf rouge s’en sont mieux tirés. «Ce n’est pas le Klondike, mais c’est le secteur le plus avancé, même s’il n’est pas à des années lumière», continue M. Lehoux. Pour améliorer les débouchés pour la viande, des groupes de commercialisation d’éleveurs ont signé des ententes avec les distributeurs, tels que les Cerfs des Appalaches avec Gibiers Canabec, l’Alliance Sélection Nordique avec La Maison du Gibier ainsi que Le cerf de Boileau.

Pour leur part, les éleveurs de bisons ont toujours de la difficulté à obtenir un juste prix, notamment en raison de la compétition de l’Ouest. «Ceux qui s’en sortent sont ceux qui réalisent toutes les étapes jusqu’au consommateur», explique le producteur de la Beauce. Le scénario est similaire du côté du sanglier. «Les éleveurs vendent beaucoup dans le marché de la chasse et du méchoui. La plupart écoulent eux-mêmes leur production.»

Dynamisme

Malgré sa jeunesse, la Fédération fondée en 2003 arrive à un point tournant. «Nous ne pouvons plus parler de productions émergentes. Nous sommes à l’étape de précroissance», assure son président. Son organisation n’a pas tardé à passer de la parole aux actes, en élaborant un plan de marketing. Ce dernier est en attente d’une aide financière du ministère de l’Agriculture du Québec. «Nous voulons faire parler des grands gibiers. Les gens le consomment, mais n’en connaissent pas la provenance. Nous voulons qu’ils réclament le gibier du Québec. Nous désirons aider tous les producteurs dans toutes les régions de la province, que ce soit pour les ventes à la ferme, avec un distributeur ou celles destinées à l’agrotourisme», résume M. Lehoux.

La FEGGQ souhaite développer une «Route des grands gibiers» et rafraîchir son site Web, afin de l’axer davantage vers le consommateur. L’organisation mise également beaucoup sur sa certification. «Le consommateur aurait l’opportunité de nous choisir. Il y a aussi une démarche qualité avec ça», rappelle Gaétan Lehoux. D’autre part, chacun des quatre secteurs planche sur différents dossiers. Les gens de bison travaillent sur un projet de parc de finition pour baisser leur coût de production. Du côté du wapiti, les éleveurs se penchent sur la commercialisation de la viande et l’élaboration de recettes. Finalement, les producteurs de sangliers s’activent sur l’alimentation avec un conseiller, une ressource obtenue par la FEGGQ. «La Fédération a défendu plusieurs dossiers : les cerfs de Virginie, la traçabilité, la maladie débilitante chronique des cervidés (MDC). Elle a obtenu du financement du Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec (CDAQ) afin de valoriser les sous-produits, ce qu’on appelle le cinquième quartier, illustre M. Lehoux. Nous essayons de démontrer que nous sommes proactifs et soigneux.»

Le président de la Fédération se dit optimiste quant à l’avenir. «Non seulement ce sont des viandes goûteuses, mais bonnes pour la santé. Nos animaux sont élevés à l’extérieur, au grand air, sans farine animale ni hormones de croissance. Il y a beaucoup à faire au niveau marketing. Il s’agit de bien valoriser tout