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La Stratégie nationale de réduction de l’utilisation des antimicrobiens en production avicole mise en place par les Producteurs de poulet du Canada, dont l’achèvement de la mise en place est prévu à la fin de l’année 2020, transforme actuellement l’élevage de poulets de chair au pays.
À cause de la disparition des antibiotiques, certaines maladies telles que l’entérite nécrotique aviaire causée par Clostridium perfringens font résurgence. Bien que cette bactérie ait généralement mauvaise réputation en raison des effets dévastateurs de certains de ses clones virulents sur la santé des troupeaux, d’autres clones de C. perfringens, que l’on appelle commensaux, possèdent un rôle essentiel à une santé digestive optimale des volailles.
Santé animale
Les études menées actuellement à la Chaire de recherche en salubrité des viandes (CRSV) par les Drs Marie-Lou Gaucher et Alexandre Thibodeau misent sur cette diversité de C. perfringens. Tirant son origine d’un consortium industriel, gouvernemental et universitaire, un projet de recherche en cours depuis déjà deux ans et utilisant la vaccinologie réverse qui permet une identification beaucoup plus rapide d’antigènes vaccinaux vise à développer une stratégie vaccinale qui permettra d’exclure, de manière compétitive, les clones virulents des élevages de poulets de chair afin de ne laisser la place qu’aux souches de C. perfringens bénéfiques pour l’oiseau.
Les travaux de recherche d’Ilhem Meniaï, étudiante à la maîtrise, ont permis d’identifier six protéines uniques situées à la surface des clones virulents de C. perfringens. Elles contribueraient à donner un avantage compétitif à ces souches virulentes pour mieux coloniser l’intestin des poulets de chair et ainsi causer l’entérite nécrotique. Au cours de la prochaine année, les essais en conditions expérimentales qui seront réalisés par Sara Heidarpanah, étudiante au doctorat, viendront montrer si ces protéines de surface uniques aux clones virulents, lorsqu’elles sont utilisées pour vacciner des poulets de chair, permettent aux oiseaux de développer une immunité qui les protège contre l’entérite nécrotique aviaire.
Santé publique
Bien que C. perfringens soit connu en production avicole pour son rôle pathogène chez la volaille, d’autres clones de cette même bactérie, que l’on appelle entérotoxinogènes, se retrouvent parmi les trois principaux microorganismes responsables de toxi-infections d’origine alimentaire chez l’humain, en compagnie de Salmonella et de Campylobacter.
Une étude en cours à la CRSV a démontré que ces clones pouvaient contaminer jusqu’à 25 % des carcasses de poulets de chair destinées à la consommation humaine, ce qui représente un risque pour la santé publique. Les résultats de cette même étude montrent que cette contamination peut être retrouvée dans l’environnement d’élevage des oiseaux, à la ferme.
Les travaux en cours à la CRSV viendront montrer si une approche par vaccinologie réverse aussi appliquée à ces clones entérotoxinogènes permet d’empêcher la colonisation des oiseaux par C. perfringens entérotoxinogène et la contamination subséquente des produits de viande de volaille.
Dre Marie-Lou Gaucher, M.V., M. Sc., Ph. D., CRSV, Université de Montréal