Élevage 23 septembre 2014

Les mesures d’adaptation feront le travail, assure le ministre

988b39f8f1039c53214e14d942ec1628ecbaa13af8bd534408486f698dccbaef

Pas d’argent neuf pour les producteurs mais plus de souplesse pour la Stratégie de soutien à l’adaptation.

En visite à l’assemblée annuelle de la Fédération des producteurs de porcs du Québec (FPPQ), le ministre de l’Agriculture du Québec, Pierre Corbeil, a écouté patiemment les éleveurs raconter leurs ennuis financiers sans toutefois leur promettre la solution qu’ils réclament : de nouvelles liquidités le plus rapidement possible.

Le ministre n’est cependant pas arrivé les mains vides, mais avec des modifications à la Stratégie de soutien à l’adaptation, notamment l’assouplissement des critères d’admissibilité de même que l’augmentation des plafonds de l’aide maximale et du capital de prêt admissible au remboursement des intérêts. Ces « améliorations concrètes » s’appliquent pour tous les secteurs de production couverts par l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), a précisé M. Corbeil.

Les éleveurs se sont ensuite succédés au micro pour lui rappeler que la Stratégie ne faisait pas le travail. « Votre programme d’adaptation, c’est comme une île, mais on n’a pas de pont pour s’y rendre », a illustré Cécilien Berthiaume, de la Beauce. « Ce n’est pas adapté à nos besoins. Nous avons besoin de liquidités », a insisté Martine Rhéaume, également de la Beauce. Pierre Corbeil a rappelé les efforts consentis par son ministère dont le versement à la fin mai des avances d’ASRA prévues en juillet et l’évaluation des paramètres de l’annualisation 2010 du coût de production. Il a aussi invité les éleveurs à s’inscrire à la Stratégie.

Un tableau en main démontrant que les pertes absorbées par les producteurs avant que l’État n’intervienne ont atteint un sommet de 50 $/porc, Jean-Guy Hamelin a interpellé le ministre. « Est-ce que le ministère de l’Agriculture va nous aider à la hauteur de nos besoins? On a un Plan Nord, ça va prendre un Plan Porc », a-t-il martelé. Répondant « ni oui, ni non » à cette requête, le ministre a rappelé qu’il avait une « nouvelle recrue au ministère qui connaît bien le secteur », faisant référence à Bernard Verret, son nouveau sous-ministre et ex-directeur général de la FPPQ.

Pendant près d’une heure, le ministre a écouté les témoignages, parfois très émotifs, d’éleveurs. « Je suis en train de liquider mon entreprise. Je laisse mon fonds de pension, ma job, ma maison. En plus, on me coupe 40 % de l’ASRA parce que je suis en médiation. Si tu n’es pas mort, on va te crever », a confié Yvon Brochu. Malgré ses 35 ans d’expérience, ce producteur est actuellement sur la voie d’évitement. « C’est une remise volontaire. C’est comme ça qu’ils nous sortent de la production. Ça paraît mieux », a-t-il dénoncé.

Pierre Corbeil a invité M. Brochu et les autres producteurs venus témoigner de leurs difficultés à transmettre leurs coordonnées à son attaché politique. À plusieurs reprises, il a réitéré sa confiance envers l’efficacité de la Stratégie en place. « Nous avons convenu de travailler avec les outils que nous avons. Nous allons essayer d’utiliser cette enveloppe de façon optimale. »

En entrevue à la Terre, Pierre Corbeil a assuré suivre la situation du secteur de « très, très près ». Il a de plus confirmé qu’il interviendrait auprès du fédéral pour faire repousser le remboursement du Programme de paiement anticipé (PPA). « Ce serait la dernière chose à faire, d’aller tirer le tapis en dessous des pieds de nos producteurs. Nous allons demander au fédéral d’être patient », a conclu le ministre.

Par ailleurs, les délégués ont choisi David Boissonneault comme nouveau président à la tête de la Fédération des producteurs de porcs du Québec (FPPQ). Il succède à Jean-Guy Vincent qui n’a pas sollicité de nouveau mandat.