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Il faut trimer dur pour recycler la tubulure au Québec. La province ne compte qu’une seule usine de recyclage, et pour y acheminer leur plastique, certains producteurs n’ont d’autre choix que de le faire par leurs propres moyens.
Vanessa Leblanc et Arthur Iltis l’ont appris à leurs dépens en août dernier. Nouveaux propriétaires d’une érablière de 2 100 entailles en Estrie, ils ont entrepris de remplacer l’ensemble de la tubulure qui s’y trouvait. Un travail « incommensurable » les attendait, explique Mme Leblanc, qui a convié parents et amis à une journée de corvée. « On a payé la traite à tout le monde, ajoute-t-elle. Mon chum a même fait de la pizza au four à bois. »
Un travail colossal
Une fois les pièces de plastique séparées, le couple a transporté la cargaison à la seule usine de récupération des plastiques acéricoles présentement en activité au Québec : Environek, à Saint-Malachie. Un aller-retour de 350 km.
Là-bas, on vous paye si vous apportez votre vieille tubulure, mais à condition d’avoir séparé les maîtres-lignes des sellettes et des autres pièces de plastique. Si ce n’est pas fait, ce sera à vous de payer. Le couple Leblanc-Iltis a ainsi obtenu environ 500 $ pour sa cargaison. Une récompense bien mince, selon eux, compte tenu des heures de travail requises pour bien se départir du plastique.
Ce travail, c’est ce qui attend un autre producteur et distributeur de tubulures de Lanaudière qui a requis l’anonymat en raison de son double emploi. Son cabanon est rempli à ras bord de plastiques acéricoles, entassés là d’année en année dans l’espoir qu’une option de recyclage non contraignante se présente. « Trier tout ça, c’est un méchant ouvrage, dit-il. Je pourrais tout mettre ça aux poubelles, mais je tiens à ce que ce soit recyclé. »
Dans le Témiscouata, Weena Beaulieu, de l’érablière du Domaine de BeauFor, a plus de chance. Son écocentre fait partie de ceux qui agissent comme intermédiaire entre l’usine de recyclage et les acériculteurs. Le service est gratuit, à condition de fournir du matériel propre et démêlé, mais nul besoin de séparer l’ensemble des plastiques. « Malgré ça, c’est très peu utilisé parce que ça demande un effort, indique la productrice. Il y en a qui vont plutôt enfouir ou faire des tas dans leur forêt. »
Une seule usine au Québec
Chez Environek, dans Chaudière-Appalaches, on travaille à étendre le réseau des écocentres qui collaborent avec ce centre de recyclage. L’entreprise en a ajouté cinq à sa liste cette année, ce qui porte leur nombre à une quinzaine, principalement localisés dans les MRC avoisinantes. Selon son directeur général, Lionel Bisson, le sud et l’ouest du Québec devraient être desservis très bientôt. « On s’attend à ajouter Sherbrooke très bientôt, et on discute avec les Laurentides », a-t-il confié à La Terre.
Selon Recyc-Québec, 1 355 tonnes de tubulures et autres plastiques acéricoles sont remplacées chaque année au Québec. Du lot, Environek n’en récupérera que 600 tonnes cette année, selon son directeur.
Jusqu’à tout récemment, l’entreprise Recyc Polytube de Victoriaville acceptait également le plastique acéricole. Elle aurait toutefois cessé ses activités, selon les commentaires recueillis par plusieurs intervenants. Son propriétaire, Daniel Carrier, n’a pas rappelé La Terre.
Deux idées pour récupérer plus efficacement De nouvelles solutions pourraient être mises de l’avant pour améliorer le taux de plastique acéricole recyclé. Selon Lionel Bisson, d’Environek, l’application de frais de gestion environnementale, ou « écofrais », aux plastiques agricoles permettrait de financer leur transport jusqu’à son usine. « Si la Fédération facturait 1 ou 1,25 % sur les achats, ça pourrait être suffisant », dit-il. Christine Lajeunesse, directrice régionale d’AgriRÉCUP pour l’est du Canada, abonde dans le même sens. Son organisme gère le recyclage de certains plastiques agricoles à l’initiative des manufacturiers. Selon elle, le leadership devrait aussi venir des fabricants et distributeurs de plastiques acéricoles. « Il faut que l’industrie s’organise pour faire en sorte de financer la collecte provinciale, dit-elle. Les programmes provinciaux aident à augmenter les volumes, mais il faut que l’industrie embarque aussi. » |