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Bovins du Québec a sillonné quelques régions à la rencontre des éleveurs pour qui l’insémination artificielle s’est avérée un facteur de réussite.
Richard Chouinard et Céline Nadeau, Ferme Linnard SENC – Saint-Daniel
Au fil des ans, Richard Chouinard a monté un cheptel de 53 vaches d’une grande qualité génétique. C’est d’abord par curiosité et pour éviter de renouveler son taureau tous les deux ou trois ans que l’éleveur s’est intéressé à l’insémination artificielle (IA). L’objectif de l’IA consiste à produire des femelles de remplacement. Parmi les génisses issues de l’IA, l’éleveur sélectionne uniquement les sujets à haut potentiel. Par exemple, les veaux nés de ces croisements ont un gain de poids plus important que celui des veaux issus de la saillie par le taureau : « C’est normal, indique M. Chouinard, ils ont une génétique supérieure. Le gain de poids moyen se situe entre 2,4 et 2,6 livres par jour. »
M. Chouinard a réalisé ses premières inséminations en 1989. « J’ai acheté six bonnes vaches de race Simmental pour commencer l’IA, ce qui m’a permis d’améliorer encore plus rapidement la qualité de mes animaux. Idéalement, il faut choisir les vaches les plus fertiles de son troupeau. » Depuis, l’éleveur a systématiquement recourt à l’IA. Parallèlement à l’élevage de vache-veau commercial, l’éleveur exploite une érablière de 5000 entailles, ce qui rendait parfois l’IA difficile à concilier avec les travaux acéricoles. « La période de saillies tombait en plein dans le temps des sucres. Alors pendant quelques années, j’ai travaillé pour faire en sorte de regrouper les chaleurs, et ce, de façon naturelle », explique-t-il. Ainsi, d’année en année, l’IA commence précisément le 10 février et se termine 20 jours plus tard, juste à temps pour le début des sucres. Par la suite, un taureau Charolais saillira les retardataires ou celles pour qui l’IA n’a pas fonctionné. « Le taux de réussite de l’IA varie de 70 à 90 % », précise-t-il. L’an dernier, 38 vaches ont été inséminées et 15 ont été saillies par le taureau. Du 17 novembre 2010 au 1er janvier 2011, 43 veaux sont nés pour un total de 57 veaux, dont cinq paires de jumeaux. En regroupant les vêlages, le lot de veaux se révèle, entre autres, plus uniforme. « Une vache non gestante à l’automne est envoyée à la réforme, sauf exception. Je suis très strict sur ce point et davantage avec les changements à l’ASRA », souligne l’éleveur. Le taux de remplacement se situe entre 8 et 10 %.
Trois semaines avant le début de la période d’IA, Richard Chouinard note les signes de chaleurs lorsqu’il soigne les vaches. Les jours précédant le 10 février, il se rend à l’étable froide quatre fois par jour pour observer les chaleurs à 6 h, midi, 17 h et 23 h. Cet horaire de visites se poursuit pendant toute la période d’insémination, qui prendra fin le 1er ou le 2 mars. À ce moment, le producteur fait entrer le taureau dans le parc avec les vaches.
Choix du taureau
« Pour les taures de premier veau, je choisis un taureau de race Angus ou Limousin parmi l’offre du CIAQ. Le premier vêlage devant se dérouler aisément, le premier critère de sélection du taureau doit être la facilité au vêlage. Je ne garde aucune des génisses issues du premier vêlage », mentionne-t-il. Le choix du taureau s’effectue vache par vache. Pour les femelles de remplacement, les critères de sélection portent sur la production laitière, le gain de poids au postsevrage et à un an et sur la facilité au vêlage. M. Chouinard privilégie les races Simmental, Hereford et Shorthorn. Il tient un registre détaillé des dates des chaleurs, du choix du taureau, de la date de l’IA, de la date de vêlage, de la difficulté au vêlage et du gain de poids des veaux. Bon an mal an, de la semence de quatre à six taureaux différents sera utilisée. « L’éventail de l’offre de semences du CIAQ est immense et la génétique bien supérieure à celle d’un taureau qu’un éleveur garde à la ferme », affirme-t-il. Aucune vache agressive n’est tolérée à la ferme Linnard : « Je n’utilise ni le corral ni la cage pour inséminer mes vaches. Je les attache dans l’ancien bâtiment laitier. L’inséminateur n’a jamais eu de difficulté à les inséminer, car elles sont très dociles », indique celui-ci.
Payant l’IA? Certainement, répond Richard Chouinard : « D’une part, je garde un seul taureau au lieu de deux, économisant par là le coût d’achat du second et les frais liés à l’entretien et à l’alimentation. Un taureau de plus, c’est aussi une place de moins pour une vache. D’autre part, je n’achète aucune génisse de l’extérieur, j’élève toutes mes femelles de remplacement. Enfin, j’ai accès à un immense choix de taureaux, et ce, parmi les meilleurs. »