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Bovins du Québec a sillonné quelques régions à la rencontre des éleveurs pour qui l’insémination artificielle s’est avérée un facteur de réussite.
Mathieu, Gaston junior, Dianne et Gaston senior Palerme, Ferme Palerme SENC – Aylmer (Gatineau)
« Nous avons commencé l’IA parce que ce n’était pas rentable d’avoir un taureau pour quelques vaches seulement », lance Mathieu Palerme, un des quatre propriétaires de la ferme familiale. Vers la fin des années 1970, son père, Gaston senior, achète une terre avec cinq ou six vaches. Aujourd’hui, le troupeau en compte 150 : 90 vaches croisées et 60 vaches pur sang de race Charolais. L’amélioration génétique se trouve au cœur de l’entreprise, et la reproduction repose principalement sur l’IA. En fait, 90 % des veaux sont issus de l’IA autant pour les pur-sang que les croisées.
Pur-sang Charolais
« Avec nos pur-sang, notre objectif consiste à produire des taureaux pour les éleveurs commerciaux. Nous cherchons d’abord à produire des sujets qui répondent aux besoins des éleveurs, comme la facilité au vêlage et une bonne musculature. Ensuite, nous produisons des femelles de remplacement pour constamment améliorer notre troupeau. Finalement, nous faisons la vente de femelles à d’autres éleveurs pur-sang », indique Mathieu Palerme. Toutes les vaches sont inséminées à date fixe, en une seule journée, en mars ou avril. Pour ce faire, les éleveurs utilisent un protocole de synchronisation de chaleurs de dix jours avec implant vaginal CIDR. Cet implant libère de la progestérone et synchronise l’ovulation. Ce protocole nécessite de manipuler les vaches cinq fois : mise en place et injection d’hormones, nouvelle injection d’hormones, retrait de l’implant, troisième injection d’hormones et insémination. Le bâtiment doit donc être bien aménagé, avec un corral et une cage de contention. « Suivant la première IA, 21 jours plus tard, on identifie les vaches qui redeviennent en chaleur. Je détecte les chaleurs à l’aide d’un collant apposé sur le dos de toutes les vaches. Lorsqu’une vache se laisse monter, la couleur du collant change à cause du frottement. Celles-ci seront inséminées à nouveau », précise-t-il. Les vaches sortent ensuite au pâturage, avec le taureau, qui passera un mois avec elles pour saillir les retardataires. « On vérifie les gestations à l’ultrason. On confirme alors avec précision la date des vêlages et de quels accouplements proviennent les gestations. Les vaches non gestantes sont réformées », décrit-il.
Les Palerme effectuent également du transfert d’embryons. « Cette année, dix de nos meilleures vaches ont reçu des embryons », précise Mathieu Palerme. C’est le vétérinaire Étienne Palerme, le frère de Mathieu, qui insémine les vaches, effectue le transfert d’embryons, etc. Depuis deux ans, les éleveurs utilisent de la semence sexée (voir l’encadré Semence sexée). « Puisque notre premier objectif consiste en la vente de taureaux, la semence sexée augmente nos chances d’obtenir des mâles », mentionne-t-il. Cependant, on utilise la semence sexée avec parcimonie. « On fait “superovuler” une vache, puis on l’insémine avec de la semence sexée. On transfère ensuite les embryons », précise Mathieu Palerme. Le taux de réussite de l’IA avec la semence sexée est de 50 % et la chance d’obtenir un mâle de 90 %.
« La vente de taureaux en station d’épreuve a lieu en mars et avril et on veut présenter des taureaux âgés de 13-14-15 mois », mentionne-t-il. C’est pourquoi les éleveurs programment leur IA en mars-avril afin que les vêlages se déroulent en janvier-février. Malgré la présence de caméras de surveillance, les éleveurs effectuent une à deux visites par nuit pendant cette période de vêlages intensifs.
Le choix de la semence se fait de concert entre Mathieu et Étienne : « Il est très important d’avoir une vision à long terme du troupeau. Quels sont nos objectifs, où veut-on être rendus dans 5-10 ou 15 ans? » Actuellement, les éleveurs projettent d’augmenter la taille de leur troupeau pur-sang à 100-120 vaches, toujours en améliorant la qualité des sujets. C’est pourquoi ils ne lésinent pas sur le coût de la semence. « Présentement, 80 % de la semence provient de la France, d’une lignée française de Charolais reconnue notamment pour sa musculature », indique Mathieu Palerme. Après une dizaine d’années investies dans l’amélioration génétique, les efforts des Palerme ont porté leurs fruits. Un de leurs taureaux vient d’être acheté par Alliance Semex.
Vaches croisées
Toutes les vaches croisées Simmental-Angus seront également inséminées. Pour ce faire, on utilise le même protocole que celui précédemment décrit pour les vaches pur sang. Par ailleurs, la période d’insémination commence en novembre, et les vêlages se déroulent en août-septembre. Durant deux semaines, de cinq à six veaux naîtront dans les pâturages, à proximité des bâtiments d’élevage. Le vêlage des vaches croisées s’avère plus facile. Ces vaches vivent au pâturage depuis quelques mois, font de l’exercice et sont en meilleure santé. « Le taux de réussite de la synchronisation et de l’IA est supérieur avec les croisées », indique Mathieu Palerme. Cette année, le taux de réussite de la première IA s’est élevé à 70 %, de la deuxième IA à 30 %, et le taureau a sailli trois vaches. Toutes les vaches sont passées à l’ultrason. « On connaît la date des vêlages, on gère notre élevage de façon à avoir le moins de surprises possible », affirme Mathieu Palerme.
Grâce à l’IA, les éleveurs ne gardent qu’un seul taureau et réalisent des économies, notamment sur le coût d’achat et d’entretien. « Habituellement, un élevage de notre taille possède au minimum quatre taureaux. Avec l’IA, c’est comme si j’avais 50 taureaux à la ferme », soutient-il. Selon lui, le faible taux d’utilisation de l’IA en production bovine relève d’un manque de connaissances et d’installations adéquates dans les bâtiments. « Une fois le taureau acheté, les éleveurs oublient qu’il demeure une source de dépenses. Ils considèrent l’IA comme une sortie d’argent. Pourtant, elle permet d’augmenter les revenus dès l’année suivante en produisant de plus beaux veaux », conclut Mathieu Palerme.