Élevage 23 septembre 2014

Un choix éclairé : l’insémination artificielle partie 3

Tel que publié dans Bovins du Québec

Bovins du Québec a sillonné quelques régions à la rencontre des éleveurs pour qui l’insémination artificielle s’est avérée un facteur de réussite.

Normand, Louise et Dominic Garneau, Ferme Normand Garneau et fils – Bouchette

À Bouchette, à quelques kilomètres de Maniwaki, le père et le fils, Normand et Dominic Garneau, élèvent un troupeau de 50 vaches pur sang Limousin et 70 vaches commerciales. À la Ferme Garneau et Fils, les premiers essais d’insémination ont commencé en 1984. Depuis, 75 à 80 % du troupeau est inséminé.

De la fin mars à la fin mai, sur une période d’environ deux mois, les vaches sont inséminées. À ce moment, le troupeau se trouve dans un enclos d’hivernement, à proximité du bâtiment d’élevage. De la fenêtre de la cuisine, les éleveurs ont vue sur le troupeau. Et sur le frigo, on trouve en permanence des jumelles afin de ne manquer aucun signe de chaleurs. « On les observe également le matin, le midi et le soir », ajoute Normand Garneau. Les éleveurs ont essayé à quelques reprises de synchroniser les chaleurs. Cette année, dix vaches ont été soumises à un protocole de synchronisation de deux injections d’hormones à sept jours d’intervalle. « Souvent les taures de premier veau vont tarder à redevenir en chaleur, la synchronisation permet de ramener le cycle à 21 jours », explique Normand Garneau. Le taux de réussite tourne généralement autour de 70 à 80 %. Les retardataires seront saillies par le taureau. « Dans le troupeau de vaches commerciales, une vache non gestante à l’automne sera automatiquement réformée. Pour les pur-sang, nous sommes un peu plus tolérants, ça dépend de la vache », indique Dominic Garneau.

« J’aime la diversité que procure l’IA », lance Normand Garneau. Cette année, les éleveurs ont utilisé de la semence de plus de 15 taureaux. Pour les pur-sang, la semence provient de France, de l’Ouest canadien et des États-Unis. « On travaille avec des taureaux de haute génétique dont la valeur est élevée », ajoute Dominic. Dans les pur-sang, l’objectif consiste à produire des taureaux pour la vente dans les stations d’épreuves et de produire des femelles de remplacement. « Tous les taureaux sont issus de l’IA », précise Normand Garneau. Pour les vaches croisées, tous les veaux sont vendus à l’encan, tandis que les génisses forment les femelles de remplacement. Les éleveurs achètent aussi des femelles de remplacement d’un éleveur de l’Abitibi.

À l’intérieur du bâtiment, un système de clôtures, un corral et une cage de contention sont aménagés de sorte qu’une seule personne peut aisément manipuler les animaux. Cette facilité à déplacer les animaux d’enclos favorise l’adoption de la pratique de l’IA à la ferme. Au fil des années, l’IA permet de regrouper les vêlages et de prévoir avec plus de précision les dates de vêlages. « On peut choisir d’inséminer des vaches en particulier, comme celles qui deviennent en chaleur les premières, les plus fertiles. Ensuite, on peut sélectionner parmi les génisses celles qui viennent des premières vaches vêlées. À long terme, cette sélection augmente la fertilité au sein du troupeau », témoigne Normand Garneau. En regroupant les vêlages, on obtient des lots de veaux plus uniformes. « Tous nos veaux commerciaux sont destinés à VSC. Pour répondre à leurs critères, le gain de poids doit être de 2 livres par jour, et ce, de la naissance des veaux au parc d’engraissement. L’uniformité est donc importante », soutient Dominic Garneau.

Les éleveurs demeurent convaincus des avantages de l’IA. « En choisissant des taureaux reconnus et éprouvés pour chaque vache, on améliore inévitablement la qualité des vaches et le gain de poids des veaux », lancent les deux éleveurs. Du point de vue économique, le coût de l’IA s’avère moindre, confirme-t-ils : « Il faut débourser au moins 4000 $ pour un bon taureau, pour un troupeau de 100 vaches, ce qui représente une somme importante. » Et il n’est pas dit que ce taureau se révèle le meilleur choix pour les 25 vaches à saillir. « On n’a pas les moyens de garder des animaux non performants », conclut Normand Garneau.