Élevage 23 septembre 2014

Un choix éclairé : l’insémination artificielle partie 4

Tel que publié dans Bovins du Québec

Bovins du Québec a sillonné quelques régions à la rencontre des éleveurs pour qui l’insémination artificielle s’est avérée un facteur de réussite.

Huguette et Robert Desjardins, Ferme Annaka SENC – Mont-Laurier

Depuis plus de 30 ans, les éleveurs Huguette et Robert Desjardins utilisent l’IA. Dès leurs débuts en production, ils se voulaient soucieux d’améliorer la qualité de leurs animaux. L’insémination s’est avérée pour eux un outil de choix, car aujourd’hui, toutes les femelles sont inséminées, du début mars au début mai. « Nous avons déjà fait de la synchronisation des chaleurs, mais nous n’avons jamais eu de difficulté à détecter les chaleurs. Je commence à prendre des notes en février, je vérifie le cycle des vaches », indique Robert Desjardins. Le meilleur moment pour détecter les chaleurs, selon l’éleveur, est à 23 h et à 1 h du matin. « Je tiens des statistiques depuis 23 ans, et notre taux de réussite moyen à la première IA s’élève à 66 % », précise Huguette Desjardins. Durant ces 60 jours, des vaches seront inséminées à nouveau. Habituellement, le taureau se chargera de saillir les retardataires, mais dans certains cas, une troisième IA est possible. À partir du 20 mai, le taureau est retiré du parc de vaches. « Nous voulons raccourcir la période de vêlage à 60 jours », indique Robert Desjardins. À l’automne, les vaches acycliques ou non gestantes seront réformées.

« Avec l’IA, il devient possible d’opter pour la race de son choix. Pour la vente de veaux, j’insémine mes vaches avec du Charolais ou du Limousin. Par contre, pour l’élevage de femelles de remplacement, j’opte pour de l’Angus noir ou du Simmental », énumère l’éleveur. Parmi les génisses obtenues, l’éleveur sélectionne sa relève, en moyenne une dizaine de vaches par année. Avant d’arrêter son choix, Robert Desjardins prédéterminera des femelles de génétique supérieure comme mères éleveuses en consultant des données de sevrage sur cinq ans et plus, le gain moyen quotidien des veaux, le taux de sevrage et la facilité de conception en début de période. En août, il effectue une présélection des génisses,selon la pesée au présevrage. Au sevrage, l’éleveur éliminera les génisses avec des défauts de conformation (trop haute, trop étroite, etc.) pour finalement choisir sa relève.

Actuellement, deux taureaux Simmental âgés de deux et sept ans sont gardés à la ferme. « J’ai des filles du taureau de sept ans; il faut donc être vigilant lorsque l’on envoie un taureau avec des vaches. C’est pourquoi nous tenons un registre de toutes les ascendances et descendances de nos animaux », souligne Huguette Desjardins. La taille du troupeau a diminué d’une dizaine de vaches l’an dernier. En 2011, il compte 118 vaches.

La période de vêlage s’échelonne du 15 décembre au 15 mars. « Cependant, 65 à 75 % des vêlages auront eu lieu entre le 15 décembre et le 15 janvier », souligne Huguette Desjardins. Les éleveurs souhaitent raccourcir la période de vêlage, car tous les veaux sont sevrés et vendus en même temps. « Afin d’augmenter le gain de poids, nous voulons que les veaux profitent du pâturage lorsqu’il est à son meilleur, soit d’août à septembre », mentionne M. Desjardins. Un veau issu de l’IA a un gain de poids et une conformation supérieure. L’an dernier, de la naissance au sevrage, les veaux ont fait un gain moyen quotidien de 2,5 livres par jour. Leur poids moyen au sevrage était de 775 livres. « Le climat a grandement affecté la qualité des fourrages ces dernières années, ce qui a nui à la production laitière », explique Robert Desjardins.

Quel est le coût de l’IA à la Ferme Annaka? En 2010, le coût de moyen de chaque IA était de 22,46 $. « En tout, nous avons utilisé 148 IA pour un taux de réussite de 59 %. C’est-à-dire que 83 veaux sont nés de l’IA, ramenant le coût de l’IA par veau né à 40 $ », précise Huguette Desjardins. Même si ce coût équivaut à celui d’une saillie par un taureau, il faut tenir compte des avantages de l’IA : un gain de poids supérieur et une meilleure conformation. « Généralement, les éleveurs n’ont pas accès à la ferme à la qualité des taureaux offerts par le CIAQ. En plus, la plupart des éleveurs oublient de calculer les coûts liés à l’entretien de plusieurs taureaux à la ferme », conclut Robert Desjardins, à l’instar de tous les éleveurs interviewés.