Élevage 23 septembre 2014

Les producteurs de porcs du Manitoba en ont ras le bol

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Au Manitoba, les éleveurs porcins trouvent injustifié un projet de loi qui resserre encore une fois les règles environnementales.

Les producteurs de porcs du Manitoba se soulèvent contre le resserrement du moratoire sur la production porcine en vigueur depuis 2008.

En 2007, la Commission de protection de l’environnement (CEC) du Manitoba, l’équivalent du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) au Québec, se penchait sur la production porcine. À la suite de ses recommandations, le gouvernement néo-démocrate décidait de mettre en place, dès 2008, une série de mesures pour la protection de l’environnement, dont un moratoire sur la construction d’élevages porcins dans l’est de la province.

Cet été, le gouvernement annonçait son intention d’étendre à tout le territoire de la province le moratoire déjà en place. Ce bill 46, la Loi sur la protection du lac Winnipeg, interdit également l’épandage de déjections du bétail du 10 novembre au 10 avril. D’autre part, tout nouvel établissement ou agrandissement doit se doter de technologies avancées de gestion des effluents d’élevage, comme les biodigesteurs et les séparateurs de lisier. Des équipements dispendieux pour une industrie déjà mal en point, critique Denis Vielfaure, vice-président de la compagnie HyLife, active dans l’alimentation animale, l’élevage et la transformation de porcs. « Il y a tellement eu de changements depuis trois ans. Des agrandissements, il n’y en a plus. Au Manitoba, nous exportions nos porcelets aux États-Unis. Leur Country of origin labeling (COOL ou identification du pays d’origine) a fait de gros dégâts ici. Il y a beaucoup d’élevages qui ont fermé leurs portes et nous manquons de porcs dans l’Ouest », ajoute le copropriétaire d’HyLife, qui possède environ 56 000 truies et transforme 1,4 million de porcs par année.

Le Conseil du porc du Manitoba juge également superflues les mesures prévues au projet de loi 46. L’organisme fait valoir que les producteurs doivent déjà se doter de plan de fertilisation, d’analyses de sol et de fumier sous la supervision de Manitoba Conservation, le ministère de l’Environnement de la province. « Après la CEC, le Manitoba est devenu la province avec les normes environnementales les plus élevées au Canada. Ç’a été très difficile, mais tout le monde doit faire sa part. Puis tout à coup, juste avant la fin de la session, le gouvernement est arrivé avec le bill 46. Ce qui est insultant, c’est que les éleveurs de porcs ont fait tellement de travail », note M. Vielfaure. L’homme d’affaires souligne que la production porcine ne représente qu’une infime partie des rejets de phosphore qui se retrouvent dans le lac Winnipeg. « Soixante pour cent du phosphore vient de la rivière Rouge qui arrive des États-Unis », précise-t-il. À son avis, ce projet de loi n’est qu’une stratégie pour s’attirer davantage de votes urbains dans l’actuelle campagne électorale. L’éleveur et transformateur craint que peu importe l’issue de l’élection du 4 octobre, le projet de loi 46 soit là pour rester. « Nous sommes très, très inquiets », laisse tomber Denis Vielfaure. À l’issue des élections du mardi 4 octobre, le NPD était réélu pour un 4e mandat consécutif, avec 46 % des suffrages contre 44 % pour les conservateurs. De l’avis des analystes politiques, il s’agissait de l’élection la plus serrée de la dernière décennie.