Environnement 23 septembre 2014

Que disions-nous du biodiesel en 2005 ?

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La possibilité de générer du biodiesel à partir de résidus de l’industrie bioalimentaire a fait couler beaucoup d’encre à partir de 2005. Voici un échantillon des articles publiés depuis.

En 2005….
Faire son biodiésel?

Il serait techniquement possible de fabriquer environ 300 000 litres de biodiésel par année dans une région ressource du Québec sans investissement exorbitant comme pour les éoliennes. Le tout pourrait même être rentable dans le contexte actuel de prix du pétrole. C’est du moins la conclusion préliminaire d’une étude de la firme spécialisée Oléotek qui planche actuellement sur la faisabilité d’un projet de ce genre. Il pourrait s’agir d’une option intéressante pour des agriculteurs qui produiraient les huiles végétales nécessaires sur leurs propres fermes. Des producteurs envisagent d’ailleurs d’utiliser des variétés de moutarde brune, une plante considérée jusqu’à maintenant comme une mauvaise herbe non comestible. Cette plante possède une teneur en huile intéressante et est moins coûteuse à cultiver que le soya, le canola, le lin ou le chanvre qui sont néanmoins d’autres options. Les oléagineux déclassés pour la consommation humaine et les huiles de friture ou les gras récupérés sont d’autres ingrédients de base pour fabriquer du biodiésel. La substance grasse est mélangée à du méthanol et à un catalyseur dans un « réacteur ». On obtient ensuite de l’ester méthylique aussi appelé biodiésel. Il faut évidemment tenir compte du ou des ingrédients de base pour raffiner la technologie en conséquence. Oléotek soutient avoir reçu plusieurs demandes d’information d’agriculteurs depuis sa présentation publique du biodiésel à Expo-Champs.

Les projets de biodiésel pullulent

Le biodiésel est dans l’air du temps. La France entend investir massivement dans ce secteur pour soutenir son agriculture et réduire sa dépendance face au pétrole. Déjà relativement bien implantée dans ce secteur, la France compte multiplier par six sa production et devenir le leader européen d’ici 2010. Paris va imposer le mélange de 7 % de biocarburants (biodiésel ou éthanol) à l’essence d’ici 2010. Notons aussi l’ouverture d’une usine de biodiésel à Arborg au Manitoba et celle de Rothsay Laurenco à Sainte-Catherine au Québec qui devrait ouvrir d’ici un mois ou deux.

… en 2006….

Croissance rapide

Même si les projecteurs se tournent surtout vers l’éthanol ces derniers temps, le biodiésel pourrait connaître une croissance encore plus rapide pour répondre à l’exigence fédérale de 5 % de biocarburant en 2010.
C’est un des constats du Colloque sur le biodiésel au Québec qui se tenait à Boucherville le 30 mai. Le secteur du transport de marchandises et des machineries lourdes roule en effet au diesel et non à l’essence. Il s’agit d’un marché important d’environ 24 milliards de litres au Canada en 2003.

Québec mise sur l’éolien, le biodiesel et l’éthanol

QUÉBEC – Les régions et les municipalités ont le feu vert. Elles pourront réaliser des projets de construction de minicentrales hydroélectriques de 50 MW et installer des génératrices éoliennes totalisant 250 MW. Québec entend aussi réduire sa dépendance par rapport aux produits pétroliers en misant sur le développement d’une filière des carburants renouvelables comme le biodiesel ou l’éthanol produit à partir des résidus forestiers ou agricoles. Le maïs-grain est toutefois exclu.

… en 2007…

La STM va rouler au biodiésel

La Société de transport de Montréal (STM) a signé un contrat de deux ans pour du diésel et du biodiésel avec Olco inc.
La Société alimentera progressivement l’ensemble de son parc d’autobus avec du biodiésel à partir de novembre prochain. La Société de transport de Montréal veut ainsi prendre un engagement envers le développement durable en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre (GES). La Société de transport de Laval devrait emboîter le pas d’ici quelques mois et d’autres sociétés de transport (RTL, RTC, ST Lévis, ST Saguenay, ST Sherbrooke et STO) auront la possibilité de le faire également.
La Société de transport de Montréal utilisera du B5 (5 % de biodiésel dans le diésel). Il s’agit donc d’un contrat de 2,3 millions de litres de biodiésel par année. Le biodiésel provient du Québec et d’Ontario.

Biodiésel au gras de poulet

Des investisseurs du Missouri planifient de transformer le gras animal récupéré de l’abattoir de poulets de Tyson Foods. Il s’agit d’utiliser un gras qui est déjà séparé des résidus dans les fondoirs et qui est actuellement expédié à l’industrie de la nutrition animale ou encore à celle du savon. Le gras de poulet, par exemple, coûte environ la moitié du prix de l’huile de soya qui est habituellement employée pour fabriquer du biodiésel. Le projet du Missouri permettrait de produire 11 millions de litres de biodiésel par année. Tyson, Perdue Farms et Smithfield Foods ont tous mis sur pied un département de l’énergie et se préparent à construire plusieurs autres usines dans les années à venir. Ce nouveau débouché énergétique pourrait représenter une valeur ajoutée importante pour les transformateurs de viande et augmenter leur compétitivité dans le marché mondial. À long terme, il pourrait toutefois y avoir un effet pervers sur le prix des moulées qui contiennent du gras animal comme source d’énergie pour les animaux d’élevage.

Sanimax au Wisconsin

Le récupérateur Sanimax investit 22M$ dans une raffinerie située à De Forest dans l’État du Wisconsin, aux États-Unis, tout juste à l’ouest du lac Michigan.
Cette raffinerie, qui est déjà en acti-vité, fonctionne 24 heures par jour, 365 jours par année, emploie 15 personnes et produit 20 millions de gallons de biodiesel par année.
Les matières premières utilisées pour la fabrication du biodiesel sont notamment le gras animal, les graisses et les huiles usées de restaurant ainsi que d’autres huiles végétales.

….en 2008…

…en 2009…

… en 2010…

Une étude intrigante d’Ottawa

Le gouvernement Harper a commandé une étude afin de vérifier l’impact sur la santé et l’environnement de la production de biocarburants. Ce coup de sonde survient au début de l’année où l’obligation pour les pétrolières de mélanger 5 % d’éthanol à l’essence entre en vigueur.

Pour le biodiésel, le gouvernement fédéral a annoncé son intention d’exiger 2 % de ce biocarburant dans le diésel d’ici 2012. Certaines provinces, comme le Manitoba, ont même pris les devants en exigeant ce même objectif dès cette année. Ottawa a injecté 1,5 milliard de dollars sur neuf ans afin d’atteindre ces cibles de 5 % et de 2 %.

L’étude de 65 000 $ vise à faire le point sur les impacts des biocarburants. L’expérience du Brésil et des États-Unis semble montrer que les usines d’éthanol ou de biodiésel sont responsables de divers problèmes de qualité de l’eau, de l’air ou encore de santé humaine. Environnement Canada cherche donc à trouver un spécialiste pour l’éclairer sur cette question. « La commande de cette étude ne présuppose pas qu’il n’y aurait aucun impact dommageable de ces usines et ça ne change pas non plus l’engagement du gouvernement du Canada envers les carburants renouvelables », a commenté Paula Franchelli d’Environnement Canada à la Presse canadienne.

Progression

Le document d’Environnement Canada indiquait par ailleurs que l’on s’attend à une progression de 76 % des biocarburants d’ici 2011. Cette augmentation viendra répondre aux exigences gouvernementales si on ne veut pas être dans l’obligation d’importer de l’éthanol pour atteindre la cible de 5 %.

Une autre étude demandée par Environnement Canada le 6 janvier vise à déterminer l’impact de l’utilisation des terres marginales, comme les sites contaminés ou les bords de routes et de rivières, pour la production de cultures pour la transformation en biocarburants.

Selon les conclusions à venir, les deux études pourraient convaincre le gouvernement de conserver son objectif envers les biocarburants, mais en modifiant la façon de les produire. T.L.