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Même si elles ne sont plus que 2 % à vivre encore dans une ferme, les Fermières font bel et bien partie de notre paysage québécois. Grâce à leurs 607 cercles éparpillés à travers la province, ces femmes offrent de leur temps et de leur énergie pour aider à bâtir « un monde meilleur ». Bienvenue dans l’univers de ces gardiennes du patrimoine 2.0.
Cent quatre ans après leur création, les cercles de fermières ont toujours la même mission, soit d’améliorer les conditions de vie des femmes et de leur famille. Or, contrairement à la croyance populaire, « ce n’est pas une affaire de mémères », comme le souligne en riant Myriam Ménard, la plus jeune membre du Cercle de Saint-Césaire. La maman de cinq enfants a joint les Fermières au cours de son deuxième congé de maternité il y a de cela 11 ans. Elle en a profité pour perfectionner ses techniques artisanales et s’impliquer davantage dans sa communauté.
Tout comme 98 % des autres membres, elle n’est pas agricultrice. « C’est ce qui différencie le plus les cercles d’aujourd’hui de ceux de l’époque. Avant, c’était pour les femmes qui étaient des productrices. Maintenant, on en compte très peu », explique Caroline Pelletier, directrice générale des Cercles de fermières du Québec.
Même si le nombre de membres à la grandeur de la province a diminué considérablement depuis quelques décennies, passant de près de 50 000 en 1945 à 31 000 présentement, Caroline Pelletier soutient que beaucoup de femmes sont encore intéressées par l’artisanat et que le recrutement va bon train. Le grand défi est plutôt lié à la rétention des membres alors que les horaires des activités, telles que les rencontres mensuelles des cercles, sont moins adaptés aux femmes sur le marché du travail.
Femmes de grand cœur
« C’est, au-delà de l’artisanat, une mission sociale », affirme Karine Gallant, la vice-présidente du Cercle de Gentilly, du haut de ses 38 ans. En plus de tricoter, de tisser et de cuisiner, les Fermières sont devenues des donatrices importantes auprès de plusieurs organismes, tels que Préma-Québec, qui accompagne financièrement et psychologiquement les parents d’enfants prématurés, ainsi que les fondations Mira et Olo.
Myriam est d’ailleurs à l’origine de la vente annuelle de livres organisée par le Cercle de Saint-Césaire pour la Fondation Olo, qui aide les familles en situation de vulnérabilité à acquérir de saines habitudes alimentaires. Ses quatre plus vieux et son conjoint n’hésitent pas à lui prêter main-forte. « Mon garçon Liam avait trois ans et il nous aidait déjà », se rappelle la maman.
Selon Caroline Pelletier, grâce à des initiatives comme celles mises en œuvre par Myriam, plus de 100 000 $ sont remis à cette fondation chaque année pour un total de près de 2 M$ depuis la création de l’organisme en 1991.
De génération en génération
En transmettant leur savoir, les Fermières jouent leur rôle de gardiennes du patrimoine. Lorsqu’elle a intégré son cercle au Centre-du-Québec il y a huit ans, Karine Gallant a trouvé « 72 grands-mamans ». Aujourd’hui, c’est au tour de sa fille Maëlly, qui vient tout juste d’atteindre l’âge réglementaire de 14 ans pour devenir membre, de faire ses débuts comme Fermière. Contrairement à sa mère qui pratique le tricot, la jeune fille a plutôt choisi le tissage comme spécialité : une discipline que les doyennes du cercle lui enseignent. « C’est vraiment génial le lien intergénérationnel qui se crée dans ce genre d’endroit », mentionne Karine Gallant.
Les filles de Myriam Ménard ont elles aussi très hâte de « faire comme maman » en devenant membres du Cercle de Saint-Césaire lorsqu’elles atteindront l’âge légal. En attendant ce jour, Myriam leur enseigne à temps perdu les rudiments de l’artisanat. « Ça représente la continuité. C’est un peu de moi-même que je leur donne et elles vont peut-être faire de même avec leurs enfants plus tard. C’est une partie de moi qui va rester », indique-t-elle en regardant fièrement ses trois grandes filles.
Même si les hommes ne peuvent pas être membres officiels des cercles, plusieurs d’entre eux n’hésitent pas à s’impliquer lors de certaines activités, telles que le congrès annuel et les campagnes de financement. « Éventuellement, je pense qu’on pourrait parler d’un statut particulier. Le monde évolue et les cercles veulent être plus inclusifs, plus accessibles », affirme Caroline Pelletier.
Briser l’isolement Depuis leur création, les cercles contribuent à sortir les femmes de l’isolement. Pour Myriam Ménard qui a été en congé de maternité trois ans de suite, le Cercle de Saint-Césaire a été d’un grand secours. « Lorsque j’étais enceinte d’Amy, je m’ennuyais encore plus à la maison et elles [les Fermières] m’ont demandé de faire partie du conseil d’administration. […] Ça m’a vraiment fait du bien », confie-t-elle. De son côté, Karine Gallant, qui est travailleuse autonome, a plutôt trouvé une occasion de tisser des liens avec sa communauté. « Maintenant, quand j’ai besoin de lait, j’envoie mon mari parce que sinon, c’est certain que je reviens seulement trois heures plus tard », raconte-t-elle en faisant référence à toutes les connaissances qu’elle croisera sur son chemin et avec qui elle discutera. |
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