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Sylvain a repris, avec son frère, la ferme laitière de ses parents. Sa conjointe et lui avaient déjà un petit garçon quand Charles est né. Lors de sa venue au monde, rien ne laissait présager qu’il serait un enfant différent. Au fil des mois, les parents ont réalisé qu’il parlait peu et qu’il ne réagissait pas comme leur premier fils. Le diagnostic est tombé à l’âge de deux ans : autisme.
Pour Joëlle, ça n’a pas été un choc. « Ç’a été plus une confirmation de nos observations. On pouvait mettre un nom à tout ça », raconte-t-elle. Ensuite, l’enfant a pu recevoir de l’aide spécialisée de différents services. « Il a reçu du soutien des techniciennes en éducation spécialisée et des intervenants du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle, de l’accompagnement en orthophonie et en ergothérapie, etc. », poursuit la mère de famille. Charles fréquente actuellement une école normale; il s’agit d’une grande fierté pour Joëlle. « J’ai dû convaincre l’institution scolaire de lui laisser sa chance pour qu’il puisse prouver, avec de l’aide bien sûr, qu’il pouvait fonctionner dans une classe ordinaire », explique-t-elle. Pour la première fois cette année, la direction ne lui a pas proposé d’intégrer une école adaptée, car Charles performe bien en classe.
Calculs agricoles
Les tâches agricoles ne permettent pas toujours à Sylvain d’aller aux divers rendez-vous des spécialistes qui s’occupent de son fils. Par contre, c’est un papa impliqué et dévoué. La vie à la ferme aide probablement l’enfant de sept ans dans sa différence. Joëlle en détaille les bienfaits. « Charles adore les animaux. Avec les vaches, il est calme. Elles ne sont pas nerveuses en sa présence. » L’un des traits de personnalité de certains autistes est d’avoir une forte inclinaison pour les chiffres, et Charles n’y fait pas exception. « Il aime compter les tours de tracteur qu’il fait avec papa, ou encore le nombre de balles enrobées », raconte la maman. Son obsession pour les chiffres et les lettres fait qu’il observe tout. « À l’étable, il regarde les pancartes des vaches, il les connaît par cœur », ajoute Joëlle.
Routine bénéfique
Une autre particularité des jeunes autistes est qu’ils sont très perturbés par des changements de routine. « Charles se sent rassuré quand la consigne est claire. Par exemple, si on lui dit que le dîner est à midi, il s’attend à quitter l’étable à cette heure-là. Lorsque Sylvain l’informe du nombre exact de minutes qu’il lui reste pour terminer son ouvrage, il ne doit pas dépasser son temps, sinon Charles le lui rappelle », indique la maman.
De plus, les enfants ont chacun leurs tâches à la ferme, ce qui facilite la vie de Charles pour qui tout doit être prévu. Comme les autistes sont souvent dans leur bulle, l’aspect social est plus difficile à acquérir pour eux. Charles a une petite sœur qui aime le faire parler et qui s’intègre dans ses jeux imaginaires.
Quand elle songe à l’avenir, Joëlle confie : « Il y aura toujours une place pour lui à la ferme. C’est rassurant pour mon cœur de maman, car à 18 ans, il n’aura plus accès aux services. Des fois, ça fait peur. » Quant à son père, il est convaincu que l’enfant pourrait faire un excellent employé de ferme, car il est minutieux, travaillant et respectueux des consignes. Ce sont des traits de personnalité caractéristiques des autistes. Avoir des enfants différents peut parfois être un cadeau de la vie, car ils ont tellement à apprendre aux adultes. Pour les parents, la vie à la ferme a su permettre l’épanouissement de leur enfant malgré sa différence.