Politique 22 septembre 2014

L’UPA dénonce la Financière

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La Financière agricole préfère rembourser l’ASRA avec les surplus de l’année 2010-2011. L’UPA demande de retourner ces surplus aux producteurs, une affaires de 117 M$.

QUÉBEC- La Financière agricole impose actuellement une surprime sur les cotisations des producteurs agricoles au programme d’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA). Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Christian Lacasse, dénonce cette pratique et presse l’institution de faire marche arrière. Comme le prévoyait son organisation, rappelle-t-il, le déficit des fonds ASRA sera remboursé en trois ou quatre ans au lieu des 15 ans initialement prévus.

« La Financière agricole a pourtant la marge de manœuvre », a déclaré Christian Lacasse la semaine dernière à l’assemblée annuelle de la Fédération des producteurs de lait. Le président de l’UPA a révélé que La Financière véhiculait l’information voulant qu’il n’y aura pas de surplus à la fin de l’année.

« Cela dépend de la façon de calculer la prime, a-t-il expliqué. La Financière met une surprime. Il n’y aura pas de surplus et le remboursement s’en va sur le déficit des fonds ASRA. »

Pour l’exercice 2010-2011, les surplus de l’ASRA ont atteint 117 M$, alors que les primes se chiffrent à 719 M$ et les compensations à 602 M$. Notons qu’en décembre dernier, c’est la promesse du ministre de l’Agriculture de retourner tout surplus aux producteurs affectés par la mesure de resserrement (25 %) qui avait permis de rouvrir les sentiers de motoneige. À un producteur prétendant que le règlement avec Québec constitue la pire défaite de l’UPA, Christian Lacasse réplique au contraire que son organisation a réalisé un gain compte tenu des circonstances.

« Les producteurs, a soutenu Christian Lacasse, vont être compensés chaque année pour les pertes attribuables au 25 %. Je vous le garantis. Par contre, en 2013, le débat va reprendre parce qu’on n’acceptera jamais cette mesure d’efficacité. »

Quelques heures plus tard en commission parlementaire, le président-directeur général de La Financière rétorquait que sa marge de manœuvre est plutôt mince. En tant que gestionnaire de fonds publics, a affirmé Jacques Brind’Amour, La Financière devait se soumettre à l’examen d’un actuaire indépendant chaque quatre ans afin de se conformer aux exigences du vérificateur général. Celui-ci a approuvé le remboursement du déficit de 756 M$ sur 15 ans, a-t-il rapporté, disant que La Financière se devait de renflouer plus rapidement si elle en était capable.

« Un remboursement sur 15 ans, a-t-il expliqué en entrevue avec la Terre, signifie entre 175 et 200 M$ d’intérêts. Je ne voudrais pas que les générations futures de la relève agricole en 2020 disent comment se fait-il qu’ils n’ont pas pris les moyens en 2010 pour régler plus vite? »

La Financière, a-t-il ajouté, se doit aussi d’appliquer une surprime de 20 % quand le déficit d’un fonds ASRA est supérieur d’une fois aux primes versées. Cette année, a-t-il illustré, le déficit du fonds des producteurs de porcs atteint 690 M$, tandis que les primes se situent à 360 M$. Par contre, le calcul des historiques de risque sur 5 ans au lieu de 15 ans et le redressement des coûts de production, a-t-il démontré, ont notamment permis d’abaisser la prime des producteurs de porcs de 13,12 $ à 10,47 $ en 2010-2011.

Porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, Marie Bouillé ne partage pas cet avis. Sans la surprime de 20 %, a-t-elle dit, les producteurs pourraient profiter d’une réduction de 1,46 $/100 kg pour les unités inférieures à trois fois le modèle. « Étant donné que la prime totale serait moins élevée, a-t-elle déclaré, La Financière économiserait 20 M$ par rapport au scénario actuel. »

Appelé à commenter le dossier, Charles-Félix Ross estime également que le niveau des primes à l’ASRA va inutilement bien au-delà des exigences ”
actuarielles requises pour atteindre l’équilibre budgétaire.

« Est-ce agir en bon père de famille, interroge-t-il, de maintenir des primes aussi élevées et qui atteignent des sommets historiques, tout spécialement dans un secteur aussi éprouvé que le porc? »

Dans le budget qu’elle vient d’adopter pour l’exercice 2011-2012, La Financière anticipe un surplus d’opération de 2,3 M$. Pour les différents programmes d’assurance et de protection du revenu, elle prévoit que la contribution des producteurs agricoles atteindra 340 M$, dont 208 M$ en ASRA.