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Combien de fois avez-vous entendu vos enfants dire : « C’est pas juste! »? Même avec la meilleure volonté du monde, bien des parents ont été confrontés à cette situation. « Est-ce possible d’être équitable avec tous nos enfants? Comment y parvient-on? » Voilà des questions que se pose Mélanie, une maman de cinq jeunes enfants.
Mélanie possède déjà bien des éléments de réponse, comme nous le montre son témoignage. Tout d’abord, elle voit bien que l’équité ne veut pas dire l’égalité entre enfants. « Je vais au dépanneur et j’achète quatre jus. Les boissons peuvent être réparties également. Par contre, qu’arrive-t-il si je donne les quatre jus au même enfant, et que les autres n’ont rien? C’est très, très injuste. Sauf… s’il a très soif et que les autres enfants non. Donc, je pense que l’équité va bien au-delà de l’égalité; ça s’obtient en tenant compte des besoins de chacun. »
Essayer d’être juste lorsqu’on a cinq enfants n’est pas une mince tâche. Si, de surcroît, un des enfants a d’immenses besoins, c’est tout un défi que semble bien relever Mélanie. Un de ses enfants doit fréquenter régulièrement les établissements de santé pour ses rendez-vous de contrôle et ses nombreuses thérapies. La vie de famille doit donc s’organiser autour de lui. « À la maison, son état de santé requiert beaucoup d’attention et de temps. Mais malgré le handicap qui afflige mon fils, je suis choyée d’avoir des enfants qui comprennent la différence de leur frère. Ils compatissent. Bien qu’ils soient encore très jeunes, ils saisissent bien le sens du mot besoin. Nonobstant les nombreuses heures que je consacre aux rendez-vous, aux soins, etc., je le fais en fonction de ses besoins. Ça ne lèse personne. Et lorsque j’en ai la chance, je leur en donne, du temps, le temps que j’ai, ce précieux temps… On le savoure pleinement! C’est ma façon à moi d’être le plus équitable possible. »
Oui, être équitable, c’est répartir le temps des parents selon les besoins particuliers des enfants, sauf que le reste de la fratrie a également des besoins, bien que moins tangibles. Même si les frères et sœurs peuvent rationaliser les besoins de l’enfant handicapé ou très malade, des études démontrent qu’ils peuvent néanmoins souffrir de voir l’attention parentale centrée sur un enfant en particulier. La tête comprend mieux que le cœur que la grosse part du « gâteau temps » aille toujours au même…
Besoin d’être rassurés
Il se peut qu’à l’occasion, le frère ou la sœur éprouve de la jalousie (souvent en secret parce qu’il se sent coupable) envers celui ou celle qui mobilise tout le temps des parents. Même s’ils sont plus choyés et privilégiés par la vie, il est normal qu’ils ne soient pas constamment compréhensifs et raisonnables. Ils peuvent avoir besoin d’être rassurés sur l’amour parental, besoin de ne pas se sentir oubliés, besoin d’être valorisés, de voir leurs bons coups relevés. Le temps parental ne pouvant se multiplier à souhait, il faut trouver l’équilibre entre les besoins de chacun.
Lorsque les enfants se sentent oubliés, on peut par exemple leur demander de dresser une liste de ce qu’ils aimeraient faire avec nous. Cela doit toutefois être réaliste pour ne pas leur donner de faux espoirs. Vous pourrez piger dans leur liste au besoin.
En terminant, nous vous laissons réfléchir à cette définition d’une répartition équitable : « C’est une juste mesure, un équilibre, qui permet de rendre acceptable une forme d’inégalité lorsque l’égalité ne serait pas acceptable. »