Vie rurale 9 août 2019

Un premier documentaire sur la diversité dans le pré

Malgré un horaire bien chargé, le producteur laitier Michel Desrochers a trouvé le temps de parcourir la province pour recueillir les témoignages d’une trentaine de producteurs et productrices de la communauté LGBTQ2+ qui forgeront le tout premier documentaire sur la diversité sexuelle en milieu agricole.

L’odomètre de ce passionné de vidéo et de confidences a augmenté de plus de 7 000 km au cours de la dernière année, puisque celui-ci s’est rendu de l’Outaouais au Bas-Saint-Laurent en passant par le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

L’éleveur laitier de Sainte-Croix, dans Chaudière-Appalaches, est habité par le désir de briser l’isolement des gens de la communauté, une réalité qu’il a lui-même vécue. Avant de connaître l’organisme Fierté agricole et son conjoint Joé Desjardins, qui en est le président, M. Desrochers n’était pas le même homme. « Je manquais de confiance en moi et je ne me tenais pas avec les producteurs du coin, car je ne voulais pas qu’on me pose des questions », se souvient-il.

Avec son documentaire intitulé C’est dans la diversité que l’on sème, le réalisateur espère aider les producteurs de la communauté LGBTQ2+ à se sentir moins seuls. Il souhaite aussi leur insuffler une bonne dose d’espoir. « Je veux que les gens sachent qu’on peut réaliser nos rêves et se lancer dans la production agricole », fait-il valoir.

Parmi tous les récits des participants, âgés de 20 à 69 ans, M. Desrochers a constaté un point commun : tous ont eu peur de faire leur coming out. Ils craignaient que la situation ne soit pas acceptée par leur entourage, mais au final, elle l’a été pour tout le monde. Cela pousse le réalisateur à une réflexion : est-ce vraiment nécessaire, cette étape du coming out? « Personnellement, je n’ai jamais eu à dire : “Bon, je suis gai!” Je me rassurais en me disant que les hétéros ne le font pas. Alors pourquoi moi, je le ferais? » se demande-t-il.

Présentation dans les écoles

Une version courte du documentaire sera préparée pour Fierté agricole, qui organise bénévolement des visites dans les écoles. Ce projet est l’occasion pour les jeunes de poser toutes sortes de questions, sans tabou. L’organisme est d’ailleurs à la recherche de nouveaux commanditaires pour financer sa tournée scolaire.

Avec son film de 52 minutes, qui devrait être présenté en novembre, Michel Desrochers espère aussi mieux se faire connaître auprès de la communauté LGBTQ2+ urbaine, qui est mieux représentée que celle en milieu rural.

L’éleveur laitier a pu s’entourer de certains collaborateurs, tels qu’Errol Duchaine, ancien animateur de La semaine verte à Radio-Canada, pour la narration de son documentaire. Il a aussi obtenu du financement de Justice Québec, par l’entremise du Bureau de lutte contre l’homophobie et de la transphobie.

LGBTQ2+

Cet acronyme signifie lesbienne, gai, bisexuel, transgenre (ne s’identifiant pas au genre qui lui a été assigné à la naissance) et transsexuel (personne ayant changé de sexe), queer (identité allant à l’encontre du modèle hétéronormatif) et bispirituel (l’équivalent de queer, en quelque sorte, pour la communauté autochtone). Quant au « + », il représente les autres identités possibles, comme pansexuel, asexuel, etc.