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Les fabricants de gin, vodka et whisky 100 % québécois veulent avoir leur propre indication géographique protégée (IGP) afin de distinguer leurs spiritueux de ceux contenant des ingrédients d’ailleurs.
Tel est le projet de l’Association des distilleries artisanales du Québec, piloté par le propriétaire du Domaine Lafrance, de Saint-Joseph-du-Lac, Éric Lafrance. Le cahier de charges développé conjointement avec l’Association des micro-distilleries du Québec (AMDQ) devrait être terminé d’ici la fin de l’année. L’objectif de cette nouvelle IGP « est d’offrir la garantie au consommateur que toutes les matières premières viennent du Québec », fait valoir M. Lafrance. Pour être certifiés, les producteurs devraient alors prouver que les céréales et les fruits de leur alcool ont été récoltés et distillés au Québec.
Valeur ajoutée
La plupart des vodkas et des gins embouteillés ici contiennent une base d’alcool neutre produite en Ontario. M. Lafrance « n’a rien contre ça », mais déplore que le consommateur n’ait pas accès à ce détail lorsqu’il achète des produits « Origine Québec » à la Société des alcools du Québec (SAQ). Cette situation crée de la confusion chez le consommateur entre ce qui est totalement québécois et ce qui ne l’est pas, estime le président de l’AMDQ, Jean-François Cloutier.
Celui qui est aussi cofondateur de la Distillerie du St. Laurent, à Rimouski, entend commercialiser d’ici 2021 un whisky fait à base d’orge, de maïs et de seigle d’ici, qui vieillit actuellement en barrique. Pour l’instant, il produit des gins macérés avec des algues laminaires du Bas-Saint-Laurent dans une base d’alcool neutre ontarienne, ce qui lui permet d’amortir les coûts de ses futurs produits 100 % québécois. Selon lui, l’idée de l’IGP est de certifier certaines bouteilles plutôt que l’ensemble de la distillerie. La production entièrement locale ne serait pas aussi rentable compte tenu des coûts de production.
Distiller son propre alcool de A à Z à la ferme, « c’est très coûteux », reconnaît M. Lafrance, qui a investi plus de 300 000 $ pour un alambic, sans compter l’aménagement de salles d’embouteillage, en 2017. Ses deux produits en vente à la SAQ, le Dandy gin ainsi que le brandy Georges-Étienne, sont fait à partir des pommes à cidre cultivées au verger.L’IGP pourrait aussi servir à identifier une douzaine de produits différents d’ici l’an prochain. Le gin artisanal de La Société Secrète, en Gaspésie, la vodka de petit-lait de la famille Migneron de Charlevoix et le gin de la distillerie Menaud de Charlevoix font partie des potentiels candidats à la certification. Selon M. Cloutier, l’IGP servira aussi « d’outil pédagogique » pour valoriser davantage la production locale auprès du consommateur et de la SAQ.
Actuellement, les distillateurs québécois reçoivent 14 % du prix de leurs bouteilles vendues à la société d’État. MM. Lafrance et Cloutier espèrent que l’IGP leur permettra de toucher une plus grande marge de profit au cours des prochaines années.
Le gin a la cote Les ventes de gin de la SAQ ont plus que triplé en trois ans, passant de plus de 12 M$ en 2016-2017 à près de 39 M$ pour l’exercice 2018-2019. Pour cette même période, le nombre de gins québécois sur les tablettes de la société d’État est passé de 9 à 35. Cela dit, le nombre de nouvelles distilleries – tous alcools confondus (gin, vodka, whisky, alcools de petits fruits, etc.) – croît d’année en année. La Régie des alcools, des courses et des jeux a délivré 54 permis de distillateurs en 2018-2019, versus 42 permis en 2017-2018 et 33 pour 2016-2017. |