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Depuis 2017, la filière avicole doit s’organiser pour répondre à la demande sans cesse croissante en œufs issus de l’agriculture biologique.
Au cœur de Montréal, dans sa boutique de vente en vrac La réserve naturelle, Dominique Charbonneau s’est longtemps creusé la tête pour trouver le bon fournisseur en œufs. Désirant proposer dans ses rayons des produits issus de l’agriculture biologique, elle a dû changer d’idée : « J’ai eu de la difficulté à trouver ce que je voulais. Les œufs bio classés coûtent trop cher pour un magasin de vrac et les petits éleveurs de moins de 100 poules ne peuvent pas nous vendre leur production. » La commerçante va donc s’approvisionner auprès d’un agriculteur élevant des poules en liberté. « Il est certain que de plus en plus de gens veulent des œufs bio ou de circuits courts. »
La filière avicole l’a bien compris et s’organise. En 2017, la législation a été assouplie pour autoriser les petits producteurs de moins de 100 poules à offrir leurs œufs dans les marchés et les paniers bio. « Les consommateurs ont accès à une offre beaucoup plus grande et variée, puisque antérieurement, seuls les œufs classés pouvaient être distribués dans les marchés », explique Nathalie Gaulin, responsable à la production et à l’environnement à la Fédération des producteurs d’œufs du Québec. Au même moment, le programme d’aide au démarrage pour les nouveaux producteurs dédiés à la vente directe, mis en place par la Fédération, a rencontré un beau succès. « À ce jour, 10 000 unités de poules pondeuses ont été octroyées à 20 récipiendaires », poursuit Nathalie Gaulin.
Le défi est immense, notamment pour subvenir à la demande des grandes surfaces et de la restauration, même si l’Association des restaurateurs du Québec, jointe par téléphone, n’annonce pas « de problèmes en termes d’approvisionnement ». « La demande en œufs produits en agriculture biologique est en hausse permanente de 10 à 15 % par an, depuis plusieurs années, précise Nicolas Marchand, vice-président national à la vente et au marketing chez Nutrigroupe. Nous sommes perpétuellement en veille pour anticiper la demande. Nous avons su nous adapter et aujourd’hui, nous avons une production bien plus importante qu’il y a quelques années, où nous étions un peu débordés. Les producteurs sont très réactifs! »
En Montérégie, à Elgin, la Ferme Ritter en est un bel exemple. Dans cette ferme certifiée biologique depuis 2005, la production d’œufs de consommation a fait un bond impressionnant. De 100 poules en 2014, Markus Ritter et Catherine Gruber sont passés à 8 500, avec des équipements ultramodernes. « C’est plus laborieux et plus complexe de produire des œufs en agriculture biologique qu’en agriculture conventionnelle, ce qui explique la différence de prix », explique Catherine Gruber. L’agricultrice assure répondre aux besoins du moment, grâce notamment à un système d’achat ou de location de quotas. La Ferme Ritter organise même sa propre commercialisation sous le nom Les Fermes Valens et semble confiante dans l’avenir : « Nous avons encore la capacité d’augmenter notre production. » Un point de vue partagé par le responsable de Nutrigroupe, qui se fait rassurant : « Nous avons à peu près la certitude que la demande à long terme sera toujours plus importante, mais bonne nouvelle, la relève est prête à prendre le relais. »
Agathe Beaudouin, collaboration spéciale