Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
N’en déplaise aux agriculteurs qui le voient parfois comme un indésirable, le dindon sauvage est bien établi dans tout le sud du Québec et sa population tend à augmenter dans des régions où il était jusqu’alors plus discret.
« Le dindon sauvage continue sa colonisation dans l’est du Québec. Récemment, son aire de répartition s’étendait jusqu’en Beauce; maintenant, il est présent dans le secteur Montmagny », indique François Lebel, biologiste et coordonnateur provincial du dindon sauvage au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), qui suit les tendances de population de l’animal à partir des résultats de chasse.
Pour 17 981 permis vendus pour la saison 2019 – un nombre semblable à celui de l’année précédente –, 8 024 dindons ont été récoltés. Il s’agit du plus grand nombre depuis 2008, année où cette chasse a été rendue possible. Parmi les détenteurs de permis, 2 048 chasseurs ont réussi à récolter un deuxième dindon à barbe dans les zones où cela est permis. En 2018, 7 600 dindons avaient été abattus.
Les secteurs qui ont connu la plus forte hausse de dindons récoltés se trouvent en Mauricie (154 %), dans Chaudière-Appalaches (65 %), en Estrie (16 %) et dans le Grand Montréal (10 %).
François Lebel doute que l’espèce puisse étendre son habitat au-delà de Montmagny, où la rudesse des hivers est un facteur très limitant à sa survie. « Il suffit d’un ou de deux hivers très rigoureux pour voir une population diminuer de façon importante. »
Question de cohabitation
Jadis abondant aux États-Unis et en Ontario, le dindon sauvage a presque totalement disparu pendant un siècle en raison de la surchasse. Il a fait son apparition dans la province en 1976, et notamment grâce à des projets de relocalisation entre 2003 et 2013 en vue d’en faire la chasse sportive, sa population a connu une croissance significative. Peut-être trop importante, diront certains agriculteurs qui déplorent les ravages que peut provoquer l’oiseau dans les champs et près des silos.
Le biologiste refuse toutefois de parler d’un problème de surpopulation. « Il est vrai que certains secteurs comptent avec une population abondante. Cela étant dit, beaucoup de plaintes proviennent de régions où la présence des dindons sauvages est récente. Dans des régions comme la Montérégie et l’Estrie, où leur population est importante, mais plus ancienne, on enregistre moins de plaintes, car plusieurs agriculteurs ont adapté leurs pratiques pour éviter les inconvénients. »
Une chasse d’automne?
Dans un proche avenir, le MFFP entend dispenser plus de conseils pour favoriser la cohabitation entre les agriculteurs et le dindon sauvage et documenter le danger potentiel de transmission de maladie entre l’animal et la volaille d’élevage. Précisons qu’aucun cas de ce genre n’a été répertorié.
Par ailleurs, le Ministère réévalue les modalités de son plan de gestion de l’espèce. La possibilité de l’ouverture d’une deuxième saison à l’automne, comme le réclame l’UPA, n’est pas à écarter. « Nous avons poursuivi notre réflexion sur la gestion de la ressource en prenant compte des préoccupations de nos partenaires, et la question de la chasse d’automne a été abordée. Cependant, on ne peut en dire plus pour le moment. »
Le gouvernement devrait annoncer ses couleurs d’ici la prochaine saison.
La réglementation de la chasse : https://mffp.gouv.qc.ca/publications/enligne/faune/reglementation-chasse/dindon/index.asp
David Riendeau, collaboration spéciale.