Politique 19 septembre 2014

La gestion de l’offre tient le coup dans les négociations

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Il ne reste qu’une séance de négociations, en octobre prochain, à Ottawa, avant que le Canada et l’Union européenne (UE) concluent un accord global de libre-échange, peut-être en 2011, mais au plus tard en juin 2012.

Au terme de la 8e ronde de négociations, à Bruxelles, le négociateur en chef pour le Québec, Pierre-Marc Johnson, a signalé que « la gestion de l’offre n’était pas en péril, du moins pour l’instant » bien qu’il s’attende à des échanges « corsés » pour le dernier droit. À preuve, les contrats d’Hydro-Québec, dans la mire des marchés publics convoités par l’UE, mais que Québec veut soustraire de l’accord, ont suscité des frictions entre les parties, selon l’agence Reuters. Les ministres canadiens et européens du Commerce ont pour leur part insisté sur les « progrès substantiels » enregistrés à cette ronde de négociations, le 14 juillet dernier, alors qu’ils ont déposé leurs offres détaillées sur les marchés publics et les tarifs douaniers. « Cette négociation avance bien et sera bénéfique aux intérêts économiques du Québec », précise M. Johnson dans un communiqué publié par le gouvernement du Québec.

Vive inquiétude

L’agriculture fait partie du 10 % des secteurs les plus controversés, avec les marchés publics, la priorité numéro un des Européens, la propriété intellectuelle, les services ainsi que les monopoles et les entreprises d’État. Les Européens ne visent pas à détruire la gestion de l’offre canadienne, mais à augmenter les volumes de produits laitiers qui entrent au Canada, a en substance précisé Maurizio Cellini, chef de la section économique et commerciale de la délégation de l’UE au Canada, lors du Forum économique international des Amériques, le 8 juin dernier, à Montréal. L’inquiétude des agriculteurs canadiens demeure vive. L’Union des producteurs agricoles (UPA) trouve inconcevable que l’accès aux marchés soit discuté sans que le soutien interne à l’agriculture, fort généreux en Europe, ne soit sur la table. L’UPA soutient aussi que les débats sur les tarifs touchant la gestion de l’offre doivent se tenir seulement à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). De plus, l’extension de la protection des indications géographiques (Champagne, Roquefort, etc.) risque d’avoir un impact négatif sur l’industrie de la transformation (fromages, charcuteries, etc.) en l’obligeant à se repositionner à grands frais. L’UPA invite l’UE à respecter les décisions de l’OMC touchant l’importation des viandes et des produits carnés traités avec certaines hormones.

Bénéfique

Après cette 8e ronde de négociations, Sylvain Charlebois, professeur titulaire (Distribution et politiques alimentaires) à l’Université de Guelph, a souligné que le Canada pourrait devenir le premier pays à bénéficier d’un accord multilatéral avec deux continents majeurs : l’Amérique du Nord et l’Europe. Il voit dans un tel accord un moyen de réduire la dépendance canadienne envers les marchés des États-Unis « qui peinent à se sortir d’un ralentissement économique interminable ».